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N'est-il pas temps d'investir dans la diaspora ?

par Kamal Guerroua

Pourquoi l'Algérie n'exploite-t-elle pas le potentiel de sa diaspora ? Pourquoi ne regarde-t-elle pas, de façon pragmatique, l'apport de cette dernière à l'économie nationale ? Et puis, y a-t-il des statistiques viables sur sa contribution réelle, notre diaspora bien entendu, dans la machine économique ? Il est vrai que notre pays est considéré comme l'un des plus gros perdants dans les envois de fonds des migrants vers leur pays d'origine. Selon les prévisions de la Banque mondiale, ces envois-là devraient augmenter de 4,2% et s'élever à 630 milliards de dollars en 2022. Or, en Algérie, aucun flux notable n'est à signaler, alors qu'au Maroc et en Egypte, les envois de fonds ont battu des records. Ce qui place les diasporas de ces deux pays respectifs parmi les plus attractives du continent.

Les experts de la BM sont unanimes, dans le rapport rendu public le 15 mars dernier, sur le fait que les envois de fonds des migrants vers leurs pays d'origine connaissent une importante hausse qui «fait suite à une reprise économique presque record de 8,6% en 2021». Selon la même source, les pays de l'Afrique subsaharienne, de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient bénéficieront de cette tendance enclenchée depuis 2021. A titre d'exemple, durant l'exercice précédent, les remises migratoires (envois de devises) pour la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (MENA) ont augmenté de 7,6% en 2021 pour atteindre 61 MDS. Une augmentation très marquée par un record de 40% de hausse de transferts vers le Maroc et de 6,4% vers l'Egypte.

Ainsi, dans le top 10 des pays africains, l'Egypte arrive en pole position. Il est le premier pays bénéficiaire de cette manne financière, avec un montant record de 31,5 MDS. Le Nigeria, quant à lui, arrive derrière l'Égypte. Le pays le plus peuplé d'Afrique (plus de 206 millions d'habitants, selon la BM) a vu les transferts de sa forte diaspora atteindre 19,2 MDS. Quant au Maroc, il arrive à la 3e place, avec des transferts atteignant 10,4 MDS en 2021. «Cette progression, argumente-t-on dans le rapport, s'explique par la croissance économique enregistrée dans les pays d'accueil de l'Union européenne, ainsi que par les migrations de transit, lesquelles ont contribué à une hausse des envois vers des pays d'accueil temporaire comme l'Egypte, le Maroc et la Tunisie».

Loin de pouvoir égaler le poids économique de la diaspora marocaine ou égyptienne, notre diaspora est à la peine. En 2021, les envois de fonds officiellement enregistrés vers l'Algérie ont atteint 1,8 MD, contre 1,6 MDS en 2020. Un taux très en deçà des 10,4 MDS transférés par la diaspora marocaine ou les 31,5 MDS transférés par la diaspora égyptienne. Plusieurs paramètres expliquent la faiblesse de ces envois de fonds : la vétusté de notre système bancaire, totalement archaïque et déconnecté des mutations financières mondiales, manque de comptes à vue et de comptes d'épargne pour les émigrés comme en Egypte par exemple, bureaucratie, etc. Notons, enfin, que les envois de fonds des migrants constituent depuis longtemps la principale source de ressources extérieures (61% en 2021), devant l'aide publique au développement, l'investissement direct étranger (IDE) et les flux de placement et d'endettement, indique à ce sujet la BM.