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Sport d'élite, sports pro: echecs et « mat » ?

par Belkacem Ahcene-Djaballah

Décidément, le sport d'élite algérien (comme le sport pro') n'est pas sorti de l'auberge. Bien qu'encore assez jeune, il vient même d'y entrer, une énième fois. C'est peut-être cet « hébergement » qui a créé une habitude. Pire encore, une addiction aux dérapages et aux échecs, tous devenus banals. Si banals que chaque participation, chaque réussite, chaque succès (ou acte sortant de l'ordinaire) d'un athlète ou d'une équipe nous paraît si extraordinaire que cela est fêté comme un exploit à nul autre pareil, convoquant la manifestation populaire, chantant les fennecs (surtout les « guerriers du désert »), les salamalecs à n'en plus finir, la fierté, l'orgueil et la gloire internationale et même des anciennes gloires des Jo comme Boughera El Ouafi (médaille d'or marathon, Jo 1928). La bonne gestion, à l'envers et en paroles, assez vite emportés par le vent.

Ainsi, l'échec total , global et sans appel de la participation aux derniers JO de Tokyo, une participation pourtant moult fois annoncée prometteuse tant par les athlètes que par leurs entraîneurs ou dirigeants, est assez vite oublié pour être remplacé « vite fait » -devenant une victoire politique-par le refus, avant même d'affronter en un premier combat un frère Soudanais, d'un de nos judokas de fouler le tatamis face à un représentant d'Israël, l'entité sioniste, au nom de la solidarité avec le combat palestinien. Côté officiel? silence. Le président de la Fédération, après une première déclaration, n'a plus donné signe de vie. Seule l'Association des Ulémas a décerné (sic !) un satisfecit (re-sic !) au sportif concerné.

Il en va de même pour l'échec -relatif, puisque se retrouvant malgré tout dans le peloton de tête du championnat, dans les quatre ou cinq premiers, d'un club de foot professionnel pourtant bien nanti (grâce à l 'argent des contribuables à travers une entreprise publique, actionnaire majoritaire ) a entraîné-« vite fait », là aussi, une habitude chez les « patrons » de nos clubs-le limogeage (un terme devenu culte depuis peu), sans préavis, du directeur sportif (un ancien international, le héros si adulé de Oum Dourman), sans que les raisons ne soient dévoilées. Un peu trop contestataire, paraît-il ! Cela va certainement coûter, selon la presse, un bon paquet d'euros (435 000 ?) en dédommagement, le contrat ne prenant fin qu'en juin 2023.

Ainsi, il en est de même pour tous ces joueurs et entraîneurs ( nationaux ou étrangers) qui n'arrivent pas ou plus à se faire payer par leurs clubs (l'Usm Alger est déficitaire, pour 2020, de 90 milliards de cts) et ce après signature de contrats et qui, la plupart du temps, sont obligés de s'adresser à la Fifa ou aux tribunaux internationaux. Ainsi, ainsi va le sport d'élite national, avec ou sans chaussures améliorées, tombé bien bas dans le classement international faisant oublier les exploits passés, réalisés en des temps pourtant bien plus durs et bien plus austères et, avec ce qui concerne le foot pro', n'arrivent pas encore à se hisser à la hauteur de la grande et bonne gestion, rigoureuse, compétente et capable, rapportant des résultats aussi bien sportifs que financiers et dégagé en bonne partie du soutien de l'Etat et de ses représentations. Ce qui est, d'ailleurs, valable pour bien des secteurs de la vie économique et culturelle nationale. L'assistanat recherché d'un côté avec des « cadeaux » de l'autre. Le partage de la rente revendiqué par un côté, la gestion populiste par les autres. Le chantage des foules d'un côté, la peur de la colère et l'émeute des « tifosis » de l'autre.

L'équipe nationale de foot , avec ses victoires, est un très bel arbre qui cache une forêt bien sombre, verdoyante certes mais porteuse de bien des peurs, surtout celle de voir, après le déclin intellectuel (intellectuel, pas spirituel dis-je), le déclin physique que les effets de la pandémie de la Covid 19 vont accentuer et les JM d'Oran 2022, caprice d'un système alors mourant, ne seront, s'il y a de bons résultats, qu'un cautère sur une jambe de bois, ayant servi, heureusement , à pourvoir Oran d'un beau stade. La sortie de crise ? Pour réussir, entre autres, les JO de 2028 (surtout ne pas se polariser sur Paris 2024 avec l'idée de revanche anticolonialiste): Revenir en urgence aux fondamentaux, à l'école et dans les quartiers (à travers les maisons de jeunes) et dans les clubs amateurs et ceci est valable pour le sport, la musique, le dessin, le théâtre, la danse, dans la liberté et la mixité, toutes activités « étouffées » depuis des décennies par la pensée rétrograde. Pour les JO 2024, investir et, surtout, faire confiance à la jeunesse de la Diaspora qui, en sports, nous a apporté déjà pas mal de joies. Quant au sport pro', s'en libérer.