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Le poids (et la peur!) des extrémismes

par Belkacem Ahcene Djaballah

Les vaccins contre la Covid-19 sont (enfin) arrivés et les vaccinations ont (déjà) commencé, un peu partout à travers le pays, selon un calendrier et des modalités précises. Tant mieux ! Seront-ils respectés ? On l'espère. Tout en notant que les multiples mesures gouvernementales de confinement des populations sont (globalement) respectées, on peut dire que la sortie du tunnel n'est pas très loin tout en n'étant pas très proche. Il s'agit seulement de poursuivre, avec détermination et dans la plus grande rigueur sanitaire, sa route et son programme, quel qu'en soit le prix. Un prix économique et social objectivement déjà assez lourd - en plus des pertes humaines, hélas irrattrapables -, difficilement supportable tout particulièrement par les populations les plus démunies et les plus jeunes ; les premières par manque ou rareté de ressources de vie quotidienne décente, les secondes par difficulté d'accès aux lieux et moments de détente, de rencontres et d'exutoires. Déjà qu'en temps normal, ça «ramait» dur ! Globalement, il en est de même à travers le monde, chaque Etat gérant, à sa manière, sa société, ce qui n'est pas une mince affaire; la crise, comme toute épreuve difficile, révélant au grand jour les particularismes, les paradoxes, les lacunes, les éclairs de génie et les engagements et hélas, les déviances.

Avec à la clé, soit des réussites (rares), soit des échecs rattrapables mais gênants, soit des catastrophes. Avec des pays (plutôt leurs dirigeants souvent confiants, parfois orgueilleux ou prétentieux) lesquels pensant faire front facilement, ont «laissé-faire, laissé-aller» et se sont vus assez vite débordés de malades et de victimes (USA, Brésil, Portugal, Pays scandinaves?).          

D'autres, méfiants par nature ou par habitude, ont tout «bloqué» ou «fermé», mais il a fallu faire appel à des mesures et des moyens souvent de pression (Algérie) ou parfois de répression (Chine). Cependant la crise a révélé (plutôt a fait «ressurgir») deux phénomènes (des « monstres » !) sociétaux dangereux car ils se situent sur le long terme, même en temps de calme, toute crise (sanitaire ou autre), devenant un alibi supplémentaire pour revenir sur la scène et ré-occuper le terrain: le conspirationnisme et le radicalisme religieux, deux phénomènes qui se rejoignent quelque part de par leur «foi» (sic !) en la seule «nature» humaine (excluant la raison et favorisant les pulsions) et/ou en la seule «puissance divine» (excluant l'argument scientifique, le doute et la critique). Le premier oublieux que tout ou partie du mal est en lui, instille, doucement mais «sûrement», et parfois brutalement le doute sur toute action ou initiative venant des autres en général et des pouvoirs d 'Etat en particulier (à l'exemple de Trump qui perdant le pouvoir a fomenté des troubles contre les institutions étatiques qu'il dirigeait encore).

Le second mélange la religion à toutes les sauces, en exploitant le désarroi (le sien et celui des autres) causé par les angoisses, les peurs, les chagrins et la religiosité (à l'exemple de ce qui s'est passé dernièrement chez nous avec une «fetwa», au demeurant se voulant généreuse, non demandée (??) par le corps médical ou la Commission scientifique de suivi déclarant «hallal» les vaccins importés) Donc, deux attitudes qui génèrent, au quotidien, des comportements dangereux : Un populisme fait de refus de se plier aux règles basiques, même les plus simples et les plus élémentaires quand cela ne va pas, hélas, jusqu'à la contestation permanente puis l'opposition violente (à l'exemple de ce qui s'est passé récemment aux Pays-Bas avec des gens refusant le confinement et à Marseille et à Alger avec des supporters (?) de clubs de foot en crise ). Un islamisme «soft» qui remet en cause, à travers le poids de la vie communautaire et de l'immixtion des religieux dans presque tous les actes de la vie sociale (décrétés «hallal» ou «haram»), les fondements d'une vie démocratique où la liberté individuelle, avec ses droits et ses responsabilités, ne doit pas être un vain mot. Entre les deux, un pouvoir d'Etat à l'étatisme hésitant, n'arrivant plus ou ne pouvant plus «jongler», en même temps, avec un bâton et avec des carottes.