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Establishment, mainstream et la prééminence des institutions occidentales

par Hatem Youcef

Le coup d'Etat scientifique qu'on entrevoyait déboulonner les institutions démocratiques centenaires de la plus grande démocratie du monde n'a pas eu lieu malgré les menaces qui ont transformé la capitale fédérale en zone verte l'espace de quelques jours. Le 45ème président a abdiqué, quitté Washington par la petite porte, et laissé les feux de la rampe, Facebook et Twitter qu'il affectionnait pourtant tant. Il a quand même tenu parole et n'a pas pris part à la traditionnelle passation de pouvoirs, mais cela n'a nullement empêché son successeur de devenir le 46ème hôte de la Maison-Blanche pour quatre années qui ne seront pas foncièrement différentes de celles des autres prédécesseurs à l'exception de ceux qui figurent sur le mont Rushmore. En Amérique, les présidents se succèdent sans jamais pouvoir affecter les institutions, changer de capitale ou de constitution malgré les vingt-sept amendements de celle-ci qui sont l'œuvre de nécessités impérieuses comme le vingt-deuxième amendement voté en 1947 et ratifié en 1951 et qui limite justement le mandat présidentiel à deux. Ainsi, d'illustres hommes d'Etats à l'instar de Thomas Jefferson, Franklin D. Roosevelt, et JFK ont séjourné à la Maison-Blanche et l'ont quittée sans que cette mythique résidence ne prenne un coup de vieux. Parce que les « peuples heureux n'ont pas de sociologie mais ils ont des mœurs, des institutions et des lois », selon les mots de Jean Monnet, l'Occident a résolument choisi de consacrer les institutions malgré le gigantisme de certains de ses hommes d'Etat qui avaient réussi à ébranler lesdites institutions sans les détrôner. Après plus de quine ans de bons et loyaux services, la chancelière allemande Angela Merkel, qui est considérée par le magazine Forbes comme la femme la plus puissante du monde, quitte la présidence du parti au pouvoir, la CDU et annonce ne pas se présenter pour un autre mandat de chancelière malgré une longévité propre aux despotes. Angela Merkel s'en ira sans laisser l'impression que l'Allemagne s'écroulera sans elle. Elle a encore de beaux restes et peut être encore utile à son pays qu'elle a réussi à hisser au rang de puissance politique et économique; s'opposa à Trump et fit entrer pas moins d'un million de réfugiés syriens dans son pays et a été l'auteure de beaucoup d'autres réalisations qui ont fait d'elle le leader favori de 75% d'adultes répartis sur 14 pays d'Europe selon le magazine susmentionné.

La Grande-Bretagne a vu une pléthore de chefs de gouvernement se succéder et briller quelque temps puis disparaître de la circulation. Hormis Winston Churchill, Margaret Thatcher et à un degré moindre Tony Blair, qui se souvient encore de John Major, David Cameron, Theresa May pour ne citer que les plus récents? Le 10 Downing Street est, lui, inamovible tout comme l'est le siège du Parlement dont les strapontins délibérément inconfortables en disent long sur la pérennité du palais de Westminster et la brièveté des hommes qui s'y succèdent. Establishment, mainstream (courant principal) et institutions sont les vrais détenteurs du pouvoir de décision en Occident même dans les autres domaines que sont la science et la culture qui voient des génies passer sans emporter avec eux les édifices qu'ils ont bâtis comme Stephen Hawking, Walt Disney, Steve Jobs et tant d'autres.