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Bonne année

par Hatem Youcef

Qu'on le veuille ou non, l'année grégorienne est l'année par excellence et celle qui est célébrée (presque) partout dans le monde. Elle est un peu comme GMT, l'heure universelle, l'anglais, le dollar, le football et tout le reste. L'histoire ne s'écrit qu'avec elle et l'invention de l'écriture, la découverte de l'Amérique, la Seconde Guerre mondiale et tous les événements ayant marqué la vie du genre humain ne sont localisables que dans son almanach. Les années ne s'écoulent qu'à son rythme et tous règlent leur horloge à sa cadence qu'importe qu'on y adhère ou pas. Les vœux de fin d'année, de bonne santé et de prospérité ne sont exprimés qu'à la veille du nouvel an cher au pape Grégoire, les messages ne prolifèrent que lors de la transmission du flambeau entre l'année précédente et la suivante et les feux d'artifices ne prennent leur pleine mesure qu'à minuit lors du passage à l'année d'après. Les heures qui précèdent les célèbres coups de minuit sont les plus fêtées de toute l'année et d'aucun y voient le triomphe du diable, le moment où son règne est sanctifié. Des millions de litres de boisson en tous genres sont engloutis, des gâteaux en grandes quantités, des chocolats, des confiseries, des viandes et des légumes à profusion sont consommés. Des cadeaux sont échangés, les bises sont données à gauche et à droite, les flirts sont tolérés et tous les coups sont permis.

Le yeux du monde entier sont rivés sur l'heure fétiche durant laquelle la joie est à son paroxysme sur les grandes places des grandes métropoles malgré la famine qui frappe le Yéménites, l'exode des Syriens, les innombrables conversions vers l'islam, la chute de Trump, le retrait de Habib Nour Mahamadov, la fin du monde qu'on dit s'approcher à grands pas et la mise en coupe réglée promise à l'humanité. Malgré le milliard et plus de fêtards, le calendrier chinois fait pâle figure et le calendrier hégire ne retentira que le jour où l'islam sera un véritable projet de société. Le calendrier amazigh a beau avoir quelque 950 ans de plus, l'hiver commence bel et bien le 21 décembre, le printemps le 21 mars et les anniversaires ne correspondent jamais à Meres, Furar encore moins à Rabie Athani, Chaabane à l'exception du Mawlid Ennabawi qui a résisté à la latinisation malgré la puissance de l'an de grâce.

Bonne année à toutes et à tous !