Regarder de
l'avant et effacer de sa tête toutes les pensées négatives qui la tirent vers
le bas, tel est le défi de l'homme optimiste, celui qui donne la priorité à la
volonté, par rapport à l'intelligence. Celui qui, dans les pires moments de son
existence, préfère se laisser habiter par la brise printanière de l'espoir,
entendre le bruissement de l'eau des fontaines et sentir le murmure des arbres
odorants, lavés de leur poussière par la pluie de la veille, que moisir dans le
regret, pérorant sur les erreurs qu'il avait commises dans le passé. Etre
optimiste, c'est vivre au rythme du temps, sans pour autant lâcher prise ou
baisser les bras, pour mieux rebondir après chaque chute. C'est marcher, la
tête haute, sur des allées jonchées de pétales roses, tout en gardant en
mémoire que tout dans la vie est aléatoire. «Il ne suffit pas d'écrire quatre
vers pour devenir poète, disait un jour Christian Riquelme,
il faut vivre, s'agiter et se battre». La gageure de chacun de nous dans la vie
n'est-elle pas de toujours s'accrocher au sommet, au positif, afin de ne pas
perdre sa force de résistance ? Telle une grande vague qui se brise contre une
digue et revient, juste après, à la charge pour recommencer, la volonté de
l'homme doit se mobiliser et se recycler sans cesse, pour pérenniser. Au fond,
ce qui différencie la volonté de l'intelligence, c'est le degré de la prise de
mesure du risque de l'aventure. Lorsqu'on est volontaire, on fait table rase de
tous les obstacles, aussi difficiles fussent-ils, et nos yeux rivés sur
l'objectif final s'orientent vers le haut. C'est là que se retrouve souvent le
point fort, voire la qualité des grands leaders. Ces derniers, bien qu'ils ne
soient parfois que relativement intelligents, ont une vision pour l'avenir et
sont armés de leur seul espoir dans la réussite, alors que les hommes
intelligents font beaucoup de calculs qui les rendent par moments fatalistes.
Comme s'ils ceignent leurs épées par-dessus leurs armures, tissant en moines
ayant renoncé au monde, un lien stérile entre le courage d'entreprendre et
l'échec. Il est, en effet, des moments où la prévoyance et le sens de la
retenue tuent les grandes actions. Avoir le baptême du feu de la lutte serait
l'idéal à atteindre par l'homme de volonté. L'optimisme n'est-il pas enfin un
soigneux mélange de différentes sortes de volontés ? Volonté d'aimer, de
travailler, d'agir, d'exister, de vivre ?