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Karaoké ou jeu d'illusionniste !

par Kamal Guerroua

En regardant de plus près ce qui se déroule sous nos yeux, on se rend, facilement, compte que le pouvoir se livre à une sorte de jeu d'illusionniste sur un terrain miné. Or, qu'il invite des personnalités connues dans le sérail pour leur compromission avec le «Système» à des concertations politiques, en faisant le dos rond aux appels incessants du changement provenant de la rue, ou qu'il temporise pour gagner du temps jusqu'aux élections du 4 juillet prochain, il ne fait, en effet, que confirmer le même constat d'échec : il court à sa débâcle, à sa perte, à sa fin. En effet, le chef de l'État Bensalah est dans une position très délicate pour mener ce dialogue auquel il a convié, au demeurant, différentes formations politiques. Décrié par la rue pour sa proximité avec le clan Bouteflika, il donne l'impression de suivre, comme dans un karaoké, la feuille de route tracée par ce dernier pour sa fameuse «conférence nationale». En même temps, il pédale dans le vide contre la volonté des millions de manifestants hostiles à sa présence même au palais d'El-Mouradia.

En plus, une circonstance aggravante vient l'enfoncer dans la boue : les collectivités locales entrent en dissidence, rejoignant, par solidarité sans doute, le Hirak populaire.

A ce titre, beaucoup de maires lui ont déjà signifié directement, via les réseaux sociaux, leur décision de ne pas encadrer le prochain rendez-vous électoral, du reste perçu par le régime comme la dernière carte pour se sauver et sortir de la crise. Acculée de toutes parts, la nomenklatura fait semblant de ne pas avoir saisi le message de ces Algériens en colère, pour qui les replâtrages d'un «Système» vieilli et en déglingue ne suffisent pas à les convaincre de rentrer de sitôt chez eux. Comment faire alors? Entre les discours, de plus en plus, «musclés» du chef d'Etat-major, les déplacements de ces ministres «indésirables» du gouvernement Bedoui pour des visites de travail et le durcissement de la position des manifestants, lesquels placent la barre un peu plus haut à chaque vendredi, Bensalah semble perdre le nord et surtout coupé de la réalité. A l'heure présente, la rue s'interroge : est-il logique de discuter d'un projet de société démocratique avec des responsables dont le passé est entaché de fraude et de corruption? Est-il possible d'accorder, encore, foi aux promesses de ceux qui ont tiré le pays vers le bas? La sagesse implique que nos officiels fassent amende honorable et se retirent de la scène pour éviter au pays de basculer dans la violence. L'Algérie qui vit un moment exceptionnel dans son histoire n'a pas à subir d'autres épreuves à cause de l'entêtement d'une poignée de gérontocrates qui ont fait leur temps! Place à la jeunesse!