Que
s'est-il passé dans la tête de Donald Trump pour
changer rapidement d'avis et proposer, il y a quelques jours seulement, de
rencontrer sans pré-conditions, le président iranien
Hassan Rohani ? En marge d'une réunion, le 30 juillet
dernier, avec le chef du Conseil italien Giuseppe Conte, il glisse aux
journalistes qui l'interrogent, allusion faite à un probable sommet avec son
homologue iranien : «ce serait bon pour nous, bon pour eux, bon pour tout le
monde». Mais le locataire du bureau ovale, habitué des sorties politiques
fracassantes, est-il vraiment déterminé à faire marche arrière, concernant le
dossier iranien ? Autrement dit, est-il prêt à faire un « remake » de sa
démarche avec la Corée du Nord ? Pas sûr, mais rien n'empêche d'y croire !
Signalons, à ce titre, que durant l'été 2017, Trump
et Kim Jong-un se sont livrés à une surenchère verbale sans précédent, jusqu'au
point que la planète entière a cru à un accrochage imminent entre les deux
Etats. Or, en juin dernier, les deux leaders ont fait, à la surprise générale,
une rencontre spectaculaire sous les flashs des caméras du monde entier à
Singapour, en Malaisie. L'administration américaine peut-elle alors faire
pareil avec l'Iran ? Si on regarde bien la capacité du revirement diplomatique
de Trump, rien n'exclut cette hypothèse, du moins
dans la forme. D'autant que le ton dur utilisé en mai dernier par Mike Pompeo se trouve contredit par l'attitude actuelle du
président républicain. Le secrétaire d'État avait présenté, pour rappel, douze
exigences majeures au pouvoir des Ayatollahs pour conclure un nouvel accord,
parmi elles, la fin de tout enrichissement nucléaire de l'uranium, le retrait
de leurs milices de la Syrie et la fin du soutien au Hamas et au Hezbollah !
Puis Trump qui essayait toujours d'étouffer
l'économie iranienne et de la priver de ses revenus pétroliers, a-t-il changé de méthode, lui qui s'était plu à réprimander
ouvertement Rohani, lui promettant des sanctions très
sévères au cas où l'Iran ne se plie pas aux vœux des USA ? C'est-à-dire une
suite de restrictions à ses partenaires économiques (sans exemptions
spécifiques comme cela a été le cas sous les administrations précédentes),
s'ils achètent le brut d'ici le 4 novembre ! L'Iran qui exporte 2.4 millions de
barils par jour, pourrait en perdre jusqu'à 1.2 millions de dollars. En
conséquence, son rial (monnaie nationale) qui s'est dévalué de moitié cette
année risque de plonger le pays dans la crise. Comme riposte, les Ayatollahs
menacent de bloquer le détroit d'Ormuz où passe 30% du commerce international
du pétrole. La stratégie de «la pression maximale», chère à Mike Pompeo peut-elle avoir, cette fois-ci, comme avec la Corée
du Nord, des retombées positives ? Wait and see !