Quel islam soluble dans les lois de la République française
? Macron, comme ses prédécesseurs Hollande, Sarkozy ou Chirac, a annoncé « un
cadre et des règles» pour les musulmans de France. Ou comment rendre la
deuxième religion de France, un culte fréquentable, inodore et incolore,
l'estampillant laïque et compatible avec les valeurs républicaines. Un islam
français au profil ?Facebook' de Chelghoum, lisse
dont l'intégration et le double, voire le triple de celui des voitures
fabriquées en Algérie. Un islam bleu, blanc, rouge, de préférence à consommer
avec un petit verre de pastis et une tranche de lard, en guise de dessert. Un
islam qui prêche l'amour de la mère-patrie, qui chante la ?Marseillaise' dans
un français parfait et milite pour le vivre ensemble avec les voisins du
palier, juifs et chrétiens. Un islam fait sur mesure pour un pays qui ne se
soucie ni de la soutane ni de la kippa et qui voit dans la religion de Mohamed
un danger dogmatique pouvant fragiliser les fondamentaux républicains de la nation.
Un certain Paris ne veut plus de l'importation d'imams, carte en main, à
l'occasion du Ramadhan et milite pour la fabrication de ses propres
prédicateurs qui professent une doctrine élaguée de tous les chapitres sujets à
polémiques, selon la vision française.
Le climat est tel et le front élargi contre une religion
défigurée par une sur-médiatisation malsaine d'attentats prêtés à des musulmans
formatés par les officines occidentales qu'un appel a été lancé contre «le
nouveau totalitarisme islamiste» qui veut se faire passer pour victime de
l'intolérance. Parmi les signataires on retrouve les incontournables de la
pensée de la droite sioniste et quelques arabes pour donner une légitimité
?bougnoule'. Mais que penser d'un pays qui s'ingénie à faire de l'islam un
problème à résoudre, un atout électoral aussi bien pour la gauche que la droite
et son extrême alors qu'il tolère deux organisations radicales juives
interdites aux Etats-Unis d'Amérique et même en Israël. Le ?betar'
et la ?Ligue de défense juive' ont pignon sur rue, en France, et pour mieux
comprendre c'est comme si des organisations paramilitaires de pays musulmans
avaient des adresses officielles, à Paris. L'islam en soit n'est pas un
problème mais l'interprétation faite des textes sacrés par des ignorants,
proclamés exégètes assermentés, conjuguée à des publications calculées pour
provoquer une communauté, encore une fois, téléguidée par des prestataires de
service discréditent, fortement l'image de la religion. L'instrumentalisation
de quelques radicaux vociférant des versets coraniques et l'importation de Daech dans les rues européennes ont contribué à planter
cette peur de l'autre. Les gouvernements en place ont compris l'importance
d'une telle culture de la terreur et font le nid de leur politique sur fonds de
surenchère partisane. Le péril vert, comme aime bien le qualifier la
littérature anti-musulmane, est devenue, ces
dernières années, le meilleur allié des mouvements nationalistes qui ont
amalgamé, pour le plus grand bonheur des ennemis de l'islam, religion et
migration. Le cocktail étant explosif pour ceux qui ne font que fuir les
guerres allumées dans leur dos.