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Fractures dans «le club des riches»

par Kamal Guerroua

Surtaxation américaine des importations d'acier et d'aluminium en provenance du Canada et de l'Union européenne, retrait de l'accord de climat de Paris, annulation de l'accord sur le nucléaire iranien, reconnaissance unilatérale de Jérusalem comme capitale de l'Etat d'Israël, etc., autant de sujets de divergence sur lesquels Donald Trump n'a pas su convaincre ses alliés européens le week-end dernier à Charlevoix, au Canada. En vérité, depuis son arrivée à la Maison Blanche il y a maintenant 18 mois, le candidat républicain a fait preuve d'une grande imprévisibilité. Dernier acte en date : une volte-face à la dernière minute pour la signature du communiqué final du G7 (un club dont la Russie fut, pour rappel, évincée en 2014 à cause du problème ukrainien).

Ce qui a mis ses alliés européens dans l'embarras. Cette réunion des pays les plus industrialisés du monde témoigne des profondes divisions du camp occidental et sa faiblesse par rapport à la Chine de Xi Jinping et surtout la Russie de Vladimir Poutine. Ces derniers comptent eux aussi se rencontrer dans l'autre côté du Pacifique, plus exactement dans la grande ville côtière chinoise de Qingdao, ce samedi, pour le compte de l'Organisation de coopération de Shanghaï (OCS). Outre les deux premiers pays cités, ce sommet-là verra la participation de l'Inde, le Pakistan, les pays de l'Asie centrale (le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tajikistan, l'Ouzbékistan) et exceptionnellement, cette année-là, l'Iran. Un pied de nez diplomatique de la part de l'homme fort de Moscou à Donald Trump qui s'apprête, lui, à entériner peut-être un accord historique avec la Corée du Nord. De toute manière, le club des riches n'a pas, semble-t-il, le même poids qu'au début du XXème siècle. Avec son slogan» Make America great again», Trump a fait fi, sur fond du protectionnisme économique, des liens de solidarité qui unissent le monde libéral, au moins depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale en 1945. Si Angela Merkel, chef de file d'une Europe désormais affaiblie par le Brexit, la crise des migrants et la dépression économique, le climat de l'insécurité sécrété par la multiplication des attentats terroristes ces dernières années, tente de serrer les rangs contre l'hégémonie américaine avec Emmanuel Macron, Theresa May et le Premier ministre canadien Justin Trudeau, il n'en reste pas moins qu'elle est dépassée par l'ampleur de la déchirure entre les frères alliés. Donald Trump est resté sur une ligne dure. Seuls les dossiers de la Corée du Nord et de la Syrie ont pu faire l'objet d'un consensus. D'ailleurs, avant même la tenue du sommet, la presse américaine aurait parlé d'un président se plaignant auprès de ses conseillers de passer deux jours pour rien au Canada, estimant ce voyage comme une distraction avant son sommet à Singapour.