Après une
accélération de ses tests nucléaires et balistiques, le régime nord-coréen a annoncé,
en novembre 2017, juste après le tir de son missile balistique intercontinental
?Hwasong-15', susceptible d'atteindre le sol américain, qu'il détenait la force
de dissuasion nucléaire, inscrite, au demeurant, dans sa constitution de 2012.
Cette semaine, à Singapour, en Malaisie, Kim Jong-un va, sans doute, faire feu
de tout bois devant son homologue Donald Trump, dont
la stratégie diplomatique est confuse, pour garder le même cap. Un pari loin
d'être une sinécure! Pourquoi?
Rappelons que le président américain a promis la plus grande fermeté, dans ce
dossier-là, au même titre que celui de l'Iran, en réclamant, à cor et à cri,
une dénucléarisation complète et immédiate de l'arsenal de Pyongyang. Or, au
fil du temps, les déclarations va-t-en guerre de ce
dernier sont revues à la baisse. Car, si les menaces de frappes militaires,
agitées à Washington, par les adeptes de la stratégie «bloody nose» ont inquiété Pyongyang, depuis fin 2017, elles ont
permis, cependant, à la propagande communiste du régime de rehausser l'aura et
le pouvoir de Kim Jong-un, sur la scène intérieure. Puis,
l'offensive de charme du leader communiste aux Jeux olympiques d'hiver tenues à
Pyeongchang, au mois de février passé, ainsi que sa
main tendue au président sud-coréen Moon Jaein et au
leader chinois, Xi Jinping, ont brisé la dynamique de
pression mise en place par les U.S.A. Toujours est-il que, si ces derniers sont
désormais, en faveur d'une reprise progressive de leur partenariat économique
avec la Corée du Nord, le Japon, lui, reste attaché, en revanche, à une
position ferme à l'égard de ce trublion voisin. Ridiculisé par Trump lui-même, parodié par les médias occidentaux et
menacé de sanctions par l'U.E et les USA, le leader nord-coréen tape fort cette
fois-ci, en réussissant le défi de rencontrer le président de la plus grande
puissance mondiale, après des années de froid diplomatique. Ce qui lui
permettra de rebondir sur le plan économique, avec une légère ouverture sur
l'Occident. Mais renoncera-t-il à l'ambition de faire de son pays l'une des
grandes puissances nucléaires de la région, comme réclamé par les Américains? Pas sûr! Le futur
chantier de dénucléarisation, relayé par les annonces symboliques vagues de La
Maison Blanche, ne peut lui servir de feuille de route durable, dans son
approche pour la normalisation avec Washington, dans la mesure où il est peu
probable qu'il abandonne, de sitôt, sa rhétorique anti-impérialiste.
D'ailleurs, c'est ce recours à la propagande, faisant de son pays une puissance
protégée par le feu nucléaire, qui lui aurait assuré, jusqu'ici, un soutien
populaire très fort. Après tout, une normalisation avec les Sud-Coréens ne fera
que déboucher sur une réunification qui lui sera fatale, à cause de l'exigence
de démocratisation.