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Baroud d'honneur

par Abdelkrim Zerzouri

Le mois de la ?Rahma', devenu celui de la cherté quasi générale des produits de large, moyenne et petite consommations, entame sa dernière semaine, et il veut encore tirer un dernier coup de baroud d'honneur avant de s'en aller. De toute évidence, les derniers jours du Ramadan sont particulièrement durs à gérer et à supporter par les ménages algériens. Epuisés par plusieurs jours de dépenses pour honorer, un tant soit peu, la ?meïda' de Ramadan, les Algériens sont attendus au finish par d'autres projets de dépenses qui s'inscrivent, en droite ligne, dans la tradition. Soit une enveloppe financière conséquente à réserver pour les chers achats des habits aux enfants, qui ne connaissent du Ramadan que le jour de l'Aïd, ainsi que la préparation des gâteaux de l'Aïd, sans pour autant s'arrêter de se soucier du ?f'tour' afin d'assurer le minimum syndical pour honorer la ?meïda' Ramadan, puisque ce mois de jeûne n'est pas, encore, terminé. Ce sont les grands, les aînés, qui passent l'épreuve du jeûne durant 30 jours, et lorsque vient la fin du devoir, c'est aux petits qu'on doit donner de la joie !? Une tradition un peu tordue par le cou. Et dire que ces achats d'habits qui coûtent les yeux de la tête, viennent spécialement mettre ?ko' le père de famille, surtout dans la période précédant la célébration de l'Aïd. On aurait pu épargner aux ménages cette fin, pas convenable du tout, de Ramadan qui a lessivé une grande majorité de la population. Mais, cette tradition est presque sacrée, autant que le Ramadan. Pas idée de perturber la joie des enfants à l'Aïd el Fitr. C'était réalisable durant les années fastes, mais pas maintenant, car le pouvoir d'achat a fait une chute vertigineuse, la prime de rendement sur laquelle on comptait, pour joindre les deux bouts, a été annulée, sauf dans quelques heureux secteurs qui affichent une bonne santé financière. Maintenant, pour la plupart des ménages, qui peuvent se le permettre, il ne reste plus que l'option du prêt sur gages ou la vente carrément des bijoux, pour dépasser cette dure épreuve. Un rythme infernal qui pousse, brutalement, la classe moyenne, ou ce qui en reste encore, dans des crises insurmontables. Il n'y a pas à dire, le Ramadan profite aux pauvres, qui mangent à l'occasion à satiété, toutes sortes de produits dont ils ne rêvaient pas, durant les autres mois de l'an, un mois qui gonfle, également leurs portefeuilles, grâce au penchant poussé vers la bienfaisance et la solidarité chez les jeûneurs durant le mois sacré. Quelque part, la tradition ne tourne pas rond. Laissons le Ramadan à sa spiritualité, et jetant au loin le caractère matériel de ces autres coutumes qui n'ont pas lien avec les us réels des Musulmans.