Facile à
deviner la décision du président Bouteflika qui a retiré les taxes introduites
dans le projet de loi de finances complémentaire 2018 (LFC 2018) pour les
documents biométriques ? Oui, si l'on se fie aux réactions des observateurs et
des leaders politiques, qui ont annoncé cette décision avant qu'elle ne soit
actée par le président Bouteflika lui-même. «On provoquerait des situations
incongrues, d'un impact impopulaire, puis on laisse au président de la
République le soin, le beau rôle, d'écarter le danger ou d'effacer le mal»,
c'est ce que tentent de faire comprendre à l'opinion publique, et nous faire
voir du noir dans le blanc, plusieurs parties de connivences politiques avec
l'opposition. Effectivement, le président de la République a décidé exactement
ce qu'on attendait de lui, le retrait du projet qui prévoit des augmentations
énormes des droits pour les documents électronique mais est-ce pour autant une
confirmation des soupçons qui laissent croire que tout est minutieusement
préparé pour aboutir à une telle finalité ? Mise à part la confirmation de
cette «réflexion présage», qui a vu très juste pour le retrait de la
proposition des hausses des taxes des documents biométriques, rien ne prouve
que le scénario est monté de toutes pièces entre le gouvernement Ouyahia et la présidence. Sinon, ça serait d'une
grossièreté impardonnable. Dans cet ordre d'idées, on peut croire que les
détracteurs du président Bouteflika, en propageant de telles assertions,
veulent absolument lui ôter tout ce qui peut lui attirer de la sympathie et de
la bonté au sein de la population. Notons que ce n'est pas le premier désaveu
essuyé par le gouvernement Ouyahia. Ces derniers
mois, le président Bouteflika a annulé de grands projets, sur le point d'être
lancé par le gouvernement, à l'enseigne de la «Charte de partenariat social».
Les choses étaient très avancées mais le Président a décidé in fine que cette
Charte ne sera pas mise en application, sans son accord personnel. Là
également, c'était un dossier qui faisait jaser dans le milieu politique et au
sein de la vox populi en général, tous dénonçant une forme de privatisation
sauvage qui allait mettre en péril l'équilibre d'entreprises performantes,
ainsi que l'avenir des travailleurs qui y gagnaient leur vie et qui craignaient
d'être mis sur le carreau une fois l'ouverture du capital au privé concrétisée.
La décision de l'obligation de soumettre les dossiers au chef de l'Etat a été
applaudie par de nombreuses parties, peut-on pour autant dire qu'il s'agit
d'une mise en scène d'un show politique ? L'on peut dans ce sens citer d'autres
exemples étalés publiquement, à l'image de l'installation des constructeurs
étrangers en Algérie, qui n'a pas marché comme le souhaitait le gouvernement Ouyahia, et il existe d'autres exemples qui n'ont pas été
ébruités, sinon pas trop, comme les gros investissements agricoles qui
nécessitaient une large disponibilité du foncier et qui ont été bloqués. En
tout cas, au lieu de se désoler de tels développements des évènements, on
devrait plutôt se réjouir que les coûts des passeports et cartes biométriques
ne soient pas si onéreux. Que les sociétés publiques n'aient pas été bradées.
Et que les surfaces agricoles n'aient pas encore été toutes détournées de leur
vocation. Au-delà, il y a toujours une part de réussite et une autre d'échec
dans toute entreprise humaine.