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Droits des enfants : l'aveu d'impuissance

par Abdelkrim Zerzouri

L'évènement de la célébration de la Journée mondiale de l'enfant est devenu synonyme de tristes statistiques, inhumaines, autour des souffrances de cette catégorie vulnérable de la population et qui n'en constitue pas moins l'avenir de l'humanité. La question des droits des enfants est intimement liée aux droits de l'homme. En somme, si les aînés respectent ces droits, humains, et trouvent facilement des voies pour les faire respecter et appliquer, les enfants vivraient dans le bonheur. Hélas, ce n'est pas du tout le cas en Algérie, où l'on signale officiellement que près 6.000 enfants ont été victimes de maltraitance en 2017. Un chiffre à multiplier par 5, 10 ou 20, on ne sait pas, parce que l'enfant ne connaît pas ses droits et ne peut pas, de ce fait, dénoncer la maltraitance dont il est victime. L'intervention des adultes est toujours nécessaire, voire primordiale, pour faire parvenir la voix de ces victimes à l'opinion publique et porter leurs affaires devant les tribunaux pour exiger que leurs droits soient respectés et que des réparations soient engagées pour calmer la douleur de blessures souvent indélébiles. L'ONU parle de plusieurs millions d'enfants à travers le monde qui sont tout particulièrement fragilisés parce que leurs droits sont fréquemment bafoués, en particulier ceux des jeunes filles. Presque un aveu global d'impuissance face à des crimes abjects commis bien sûr par des adultes forts contre des enfants faibles. Pas de différence avec la loi de la jungle où vivent ce que nous appelons les monstres. Si on se limitait uniquement à ce point précis de l'enfance et ses droits foulés aux pieds, on ne trouverait pas une grande différence avec ce qui se fait dans la jungle. Là-bas, sans les parents, la chance de survie des petits, y compris les lions, est presque nulle. Dans le décor humain de la vie citadine également, la chance de survie d'un gosse dans la rue, sans le soutien de ses parents, ou des humains adultes, est quasiment nulle. Sans les parents, et sans la protection de l'Etat, l'enfant seul dans la rue ne peut échapper à toutes les monstruosités des adultes. Et, c'est pire que tout ce qu'on peut imaginer lorsque l'enfant est conjugué au féminin. L'année prochaine, encore, on va se lamenter sur cette triste réalité des dépassements contre les enfants, exposés à tous les dangers, et énumérer les agressions d'adultes, les maltraitances verbales et psychologiques et les cas d'agression sexuelle. C'est ce qu'on a toujours fait. Admettons quand même qu'il est très dur de chercher à faire respecter les droits des enfants, des êtres qui ne savent pas que les adultes ont un tas d'obligations envers eux. Renforcement en continu des dispositifs juridiques, ratification des conventions internationales et autres numéros verts dédiés aux victimes ou à des témoins pour dénoncer les dépassements contre les enfants, mais reconnaissons qu'avec moins de mesures de lois, la femme a su, ou pu, arracher ses droits. La, différence bien sûr est évidente, la femme a une carte de vote et pas l'enfant. Dans quelques années il l'aura, lui, sa carte de vote et, surtout, il aura le pouvoir de bafouer, à son tour, le droit des enfants. Un destin terrible pour certains, heureusement, car les petits ne seront pas, demain, tous des monstres.