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Compromission

par Moncef Wafi

Au-delà du jeu de massacres dont s'est rendue coupable une armée de tueurs de civils désarmés, ce qui vient de se passer ce lundi avec la mort en léger différé, si ce n'est en direct à l'antenne, de près de 60 Ghazaouis est une nouvelle gifle assénée à la face d'un monde arabe en décomposition avancée. Mais vraiment avancée. L'ordre de tirer pour tuer étant donné par un Netanyahu, impliqué dans des affaires de corruption internes, le reste n'est que détails sordides d'une histoire que les vainqueurs écrivent au jour le jour sur les cadavres silencieux des Palestiniens. Véritables héros d'un passé peu glorieux, ces hommes, femmes et enfants savent pertinemment qu'ils ont rendez-vous avec une loterie mortelle, arrivés à la frontière. Ces gens-là sont le dernier soubresaut dans ce qui reste d'une dignité arabe vendue aux enchères et foulée aux pieds de la lâcheté et la compromission des régimes arabes. En l'état actuel des choses, hormis cette résistance cyclique et ce sang versé pour la terre, la Palestine est devenue un pays au figuré, une histoire écrite en pointillée et un destin qui n'a pas été actualisé depuis que les bédouins du désert ont pris conscience que la question palestinienne était un cadeau empoisonné. Dire que c'est la faute aux Arabes est un doux euphémisme qui n'a pas à être mentionné dans cet espace mais force est de reconnaître que le premier bourreau du peuple palestinien se trouve dans cette «meute» de moutons qui poignarde les frères dans le dos. Alors qu'attendre de la Ligue et des pays arabes ? Qu'ils arrêtent de dénoncer pour le fun et qu'ils se débarrassent, mais une bonne fois pour toutes, du falzar qui entrave leurs chevilles. Pour le reste du monde, l'hypocrisie occidentale contribue à donner une bonne conscience aux tueurs en parlant sans cesse de confrontations à la frontière. Comme quoi, tirer à balles réelles sur des gens qui n'ont que le courage de leurs certitudes et l'arme de leur foi en se présentant devant le peloton d'exécution, est à mettre sur un même pied d'égalité. Il est également bon de savoir que les morts de lundi ne sont que la suite des linceuls offerts par les Israéliens et la sauvagerie de l'intervention des snipers de Tsahal devait nécessairement occulter sinon réduire l'effet de l'ouverture solennelle de l'ambassade américaine à El Qods Est occupé. Un contre-feu qui annule l'autre événement et vice versa, le transfert de la chancellerie atténuant le massacre des Palestiniens. Les spin-doctors sont passés par là et tout est imbriqué pour faire illusion. Netanyahu déclare la guerre à un peuple désarmé pour faire diversion, Trump mettant le feu à la région pour garantir un second mandat et les Arabes pour une guerre par procuration qu'ils finiront certainement par perdre.