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Les je-sais-tout

par Ahmed Farrah

L'intrusion par effraction dans tous les domaines de la vie a été toujours le jeu favori de ceux qui savent tout, comprennent tout et discutent sur tout et de tout. Que ce soit en politique, en sport ou en «philosophie», leur suffisance n'a aucune limite. Ces certifiés ès-tout ne sont plus à dénicher que dans les salons de café ou dans les conciergeries de commères. Inutile de les chercher ailleurs. Les réseaux sociaux les ont mis en surface. Ils sont visibles au public qui les suit ou qui les subit. Et c'est tant mieux s'ils étaient utiles aux débats culturels et d'opinions. Le partage d'information sur le web et sa propagation virale, la noie très souvent dans des interférences rendant difficile la crédibilité du message. Et, pour ceux qui sont inondés et ne faisant pas la part des choses, tout ce qui est publié sur internet est pour eux une vraie information, surtout lorsqu'elle est bien enveloppée dans des mensonges manipulateurs très grossiers. Particulièrement quand il s'agit de photos retouchées, des montages vidéo ou de lien de sites web douteux. Les «savent-tout» profitent de l'abondance de publications pour imposer leur propagande aux autres. Mais, et c'est là où le bât blesse, la grande part de ce qui est émis et qui semble trouver des âmes réceptives avides, concerne des croyances et des rites religieux titillant les sens des émotifs et des «sans-sas» au bigotisme. Lorsqu'ils sont en mal d'inspiration pour meubler leurs murs, ils se servent de la pensée surgelée contenue dans des citations attribuées à des personnalités célèbres, dans des adages ou dans des proverbes à profusion. En réalité, «les savent-tout» ne sont généralement que de piètres copistes très versés dans le plagiat et dans le montage de mots approximatifs qu'eux seuls comprennent le sens. Dans tout cela, ce qui est le plus regrettable est qu'au lieu de faire des efforts pour creuser dans l'intelligence et la créativité, ils s'abritent derrière leur cache-misère psychologique et condamnent gratuitement les autres, pour les tirer vers le bas. A leur niveau. Et se rassurer sur leur propre valeur. Tout cela est le propre de ceux pour qui, réfléchir est trop difficile, et débattre d'idées et de «philosophie» - malheureusement nous n'en sommes pas encore là - c'est appartenir au monde des schizophrènes.