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Des stupides et des stupidités

par Ahmed Farrah

Quand le football alimente les haines entre frères siamois que peuvent-ils faire ? Se tourner le dos est impossible parce qu'ils partagent le même tronc. Se séparer est mortel puisqu'ils ont des organes vitaux en commun. C'est ce qui arrive dans un pays où des gens repliés dans leurs certitudes et coincés dans leur exiguïté cérébrale, disputent tout bêtement à d'autres leurs origines ethniques parce qu'ils s'identifient dans des clubs différents.

Si l'un déguste la victoire d'une équipe avec laquelle il a des attaches particulières, il est vite taxé de régionaliste, montré du doigt et traité de tous les noms d'oiseaux. D'autres non moins bizarres se disent être corps et âme avec le Real de Madrid, non pas parce qu'il est un grand club qui a marqué et marque encore l'histoire ancienne et contemporaine du football mondial, ou parce qu'il a vu défiler en son sein les plus grandes stars du monde. Non ce n'est pas du tout cela ! Ils supportent Zineddine Zidane pour les origines algériennes de ses parents. Tout comme ceux qui n'avaient jamais entendu parler de Leicester City avant que Riadh Mahrez n'y soit venu et comme par magie, les voilà mis à adorer ce club anglais. L'insensé est poussé à son extrême avec ceux qui se noient dans le rouge de la ville chère aux mythiques Beatles parce que le club de Liverpool a sa star arabe - plutôt égyptienne - qui fait des merveilles en Premier League d'Angleterre. Ils ne jurent que par Mohamed Salah, leur nouvelle idole qui a totalement éclipsé Riadh Mahrez. Et qui serait, d'après eux, partant pour détrôner Christiano Ronaldo et «le» Messi du football moderne. Ces attitudes écœurantes affichées et assumées ou pas et suggérant du racisme et du régionalisme sont devenues courantes sur les réseaux sociaux et participent à attiser la violence et le hooliganisme dans les stades algériens. Chose quasiment inexistante en Europe depuis que les instances de l'UEFA ont pris le taureau par les cornes.

Aujourd'hui, malgré les erreurs flagrantes d'arbitrage dans les grandes rencontres comme cela s'est passé lors des matchs des demi-finales de la ligue des champions dans lesquelles des penaltys n'ont pas été sifflés, sans que cela n'ait donné lieu à des contestations sortant du cadre sportif et du terrain. Un ami très sage comme Bouda, adorant les Beatles, sera lors de la finale du 26 mai, une mi-temps pour Liverpool et autre pour le Club Royal pour protester contre le régionalisme morbide et les stupides de tout bord qui le sécrètent.