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Génération Bouteflika

par Ahmed Farrah

Cette semaine a été marquée par l'annonce du jeune porte-parole du MDS, M. Fethi Ghares, de se porter candidat à l'élection présidentielle de 2019. Il ouvre une brèche dans le flanc gauche politique pour s'y engouffrer et tenter sa chance afin de prendre une place sur la ligne des partants. Cependant et comme il est de coutume, les rabats- joie ont tout de suite vu en lui un simple lièvre venu faire de la figuration dans une course gagnée d'avance. D'autres, non moins grognants trouvent que le MDS a négocié son ticket d'entrée dans le jeu pour légitimer une élection qui en a beaucoup besoin. Ça c'est raihoum ! Il est peut-être vrai. Raina en est tout autre.

Le paysage politique algérien est réduit à la figuration depuis le temps où feu le Président Boumediene avait fait du FLN un simple appareil aux côtés des organisations de masse. Tout se décidait au sein du Conseil de la révolution et les grandes décisions étaient prises dans un cercle très restreint du pouvoir. Après lui, les choses n'avaient pas beaucoup changé. Le système s'est renouvelé et a continué à fonctionner sans se dénaturer mais avec d'autres acteurs appelés plus tard : les décideurs. Aujourd'hui, le système, instauré dès 1962, arrive à terme et la légitimité historique qui a été, toujours, le socle sur lequel il s'est appuyé deviendra caduque après le départ du Président Bouteflika. Les audacieux vont toujours feuilleter les livres d'Histoire pour y puiser l'espoir et le cran afin de bousculer la pensée figée dans les incertitudes et la volonté repliée dans les peurs. La génération Bouteflika n'est pas celle que les marchands des souks médiévaux essayent de vendre. Non, ce n'est pas celle-là. Cette génération est née dans un monde digitalisé qui bouge à la vitesse de la lumière. Ce monde, sans frontières physiques et sans chape de plomb, dans lequel l'information circule, instantanément, d'un bout à l'autre de la planète, a cassé les vieux monopoles et peut devenir redoutable contre tout ordre établi. La génération Bouteflika n'a connu ni la guerre de Libération, ni la Révolution agraire, ni les pénuries de sucre et d'huile, ni les atrocités de les tragédies que ses parents ont vécu. Elle ne regarde pas le journal télévisé du 20 h. Elle puise d'internet ses informations, la musique qu'elle écoute et les séries qu'elle regarde. Elle s'habille et se coiffe selon son temps qui paraît anachronique aux ringards en-costumés et cravatés. Elle aspire à vivre comme toute la jeunesse du monde. Elle traverse la mer et les frontières pour se réaliser dans un monde qu'elle voit, à tort ou raison, le mieux fait pour elle. Contrairement à ce que croient les médiocres bien installés, à la faveur du hasard et des accidents de l'histoire, la génération Bouteflika est exigeante avec elle-même pour réussir, et mise sur l'excellence pour briller dans les universités occidentales. La génération Bouteflika c'est, aussi, ces milliers de médecins résidents déterminés à avoir les mêmes droits que les autres Algériens. La génération Bouteflika n'hésite pas à importer des concepts pour les adapter à ses besoins pour ne pas subir l'obéissance et les normes sociétales qui la soumettent à un ordre révolu. La génération Bouteflika veut être partenaire pour ne pas subordonner son futur par procuration. Cette génération est en mesure de prendre son avenir à deux mains et l'assumer. Ceux qui croient la manipuler se trompent dans les calculs. Ceux qui doutent d'elle, sont tout simplement inhibés dans leur capacité à provoquer, en eux, une réflexion à même de trouver les clés de la serrure qui les enferme dans leur délire et leur obscurité. Ces négatifs sont surtout obnubilés par leur petit confort artificiel qu'ils n'ont pas réalisé. Ils pensent que c'est eux le futur et oublient que la jeunesse est l'avenir. Les images postées sur Facebook, - venues du congrès du MDS montrant des jeunes filles décomplexées et garçons très à l'aise, disant n'être ni des lièvres ni des amuseurs de galerie mais être déterminés à accompagner l'Algérie vers son beau destin -, cela redonne au pays l'espoir et la certitude que la graine germe et traverse le béton sous lequel elle y était. Elle n'est pas pressée. Elle sait que le temps est relatif et 60 ans ne sont qu'une petite parenthèse dans l'Histoire d'une nation. Elle attend son heure qui viendra, certainement, demain.