Les
Algériens ont une grande horreur des pièces de monnaie encombrantes stockées
dans les poches de leurs vêtements, parce que ce résidu de monnaie ne paie pas
par les temps qui courent. Les petits sous sont insupportables, ils gonflent et
trouent les poches, et en plus cette ferraille est boudée et rejetée par la
plupart des commerces comme monnaie de paiement. On se souvient, il était une
fois que cette menue monnaie s'écoulait normalement auprès des commerçants pour
payer les achats, et l'usage du porte-monnaie était nécessaire pour glisser son
argent et éviter les inconvénients provoqués par cette pesante ferraille qui
abimait les poches de son propriétaire. Dans le présent, les ronds métalliques
injectés par la banque dans le circuit commercial et qui font figure de monnaie
nationale circulent officiellement dans le pays uniquement pour faire le décor
de la monnaie. Tout le monde sait que lorsqu'on se rend chez le pharmacien, la
plupart des prix des produits pharmaceutiques se terminent généralement par des
centimes, mais ce dernier s'arrangent pour arrondir
les chiffres. Avec l'inflation, le dinar a baissé et les centimes de dinars
sont boudés et inutilisés dans les transactions commerciales parce qu'ils n'ont
aucune valeur marchande comme si c'était de la monnaie de singe. En théorie
c'est de la monnaie officielle, mais sans aucune valeur de paiement sur le
terrain. La valeur du dinar a pris un coup sérieux et une forte dévaluation ces
dernières décennies. Le dinar est tombé si bas qu'il n'arrive pas à se remettre
debout à cause de l'inflation. Aujourd'hui, les petits enfants réclament à
leurs parents « miya douros, elf
frank, ou khamsa elef » (5 dinars, 10 dinars sinon 50 dinars)pour acheter des friandises. Le douro ou le frank c'était hier et les bambins pouvaient se payer
quelque chose de conséquent pour apaiser leur gourmandise chez l'épicier du coin.
La banque d'Algérie voit grand, dans le présent elle adore les billets en
couleurs avec chiffres ronds tirés par planches jusqu'à l'infini. La piécette
ne fait plus la monnaie courante dans les transactions commerciales. Selon les
médias, la banque d'Algérie s'apprête à mettre en circulation des billets neufs
peut-être pour faire oublier les anciens billets crasseux et en lambeaux,
pouah, ces semblants de billets qui ont laissé un très mauvais souvenir dans
l'esprit du citoyen. Avec le temps et son progrès, faire ou rendre de la
monnaie à quelqu'un disparaîtra bientôt de notre langage populaire et le mot « kech sarf ?» ne sera qu'un vague
souvenir du passé avec les changements bouleversants que connaît la planète. En
effet, grâce à internet aujourd'hui, il y a le porte-monnaie électronique pour
payer ses factures et faire du shopping sur les sites de ventes en ligne sans
bouger de son petit chez-soi. La petite monnaie se fait déjà rare chez nous.
Les pièces de monnaie ont disparu de la
circulation avec la dépréciation de la monnaie locale. Aujourd'hui, les
épiciers rendent la monnaie en bonbons comme les commerçants italiens. Les
pièces sont toujours frappées par la banque nationale, mais en vérité elles
n'ont aucune utilité dans les transactions commerciales. La menue monnaie est
boudée, elle fait uniquement le décor monétaire local.