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Propagation de la rougeole, la faute à qui ?

par Abdelkrim Zerzouri

«El Bouhamroune» ou la rougeole fixe les clignotants au rouge. Au sud du pays, dans les wilayas d'El Oued et de Ouargla, il fait courir au sein des populations, depuis plus d'un mois, la désolation et l'inquiétude. C'est que l'épidémie de la rougeole qui n'en finit pas de se propager a déjà tué 5 personnes, et plus de 1500 autres cas de malades porteurs du virus sont signalés dans ces régions désertiques, au le sens le plus large du mot. Car, il n'y a pas que le désert naturel à assimiler dans ce décor de sable et la platitude, il y a aussi ce désert médical dont a parlé le Premier ministre à partir de Biskra lorsqu'il a accusé les médecins résidents de viser une désertification médicale à travers leur mouvement de protestation et leur refus d'accomplir le service civil dans l'une des régions déshérités du pays, en l'occurrence le Sud. On n'a pas besoin d'être trop lucide pour tirer le parallèle entre le timing de l'apparition du Bouhamroune, la grève des médecins résidents et le refus des populations de se faire vacciner contre la rougeole et la rubéole.

D'une part, sans le savoir, le Premier ministre a reconnu que le pays ne se développe pas d'une façon harmonieuse entre toutes ses régions, puisqu'il y a le Nord où les médecins préfèrent s'installer et le Sud où presque personne ne veut s'aventurer. A qui la faute ? Aux médecins résidents ou aux pouvoirs publics qui n'ont pas pu attirer les médecins spécialistes vers le sud du pays ? Tout est la faute des pouvoirs puisqu'il leur appartient de gérer les affaires publiques et de trouver solution à tout ce qui ne fonctionne pas bien. Attirer les médecins résidents vers le Sud, non pas seulement pour une petite année de service civil mais pour la vie, il n'y a pas plus simple. Il faut seulement y mettre le prix. Donner à ces médecins spécialistes un salaire encourageant. Pourquoi pas 50 ou 60 millions.

Trop payé ? La solution existe, il y a lieu de diviser en deux la représentativité des députés et des élus locaux et on aura de gros salaires à placer dans une nouvelle rubrique des indemnités à accorder aux médecins spécialistes qui viendraient s'installer au Sud. Avec un salaire mirobolant, il n'y aura plus assez de places pour les retardataires. Il faut également doter les établissements publics de santé du matériel technique nécessaire pour permettre aux médecins spécialistes d'accomplir convenablement leur travail. Le logement serait, bien sûr, d'une évidence absolue. Ils ne demandent pas plus les médecins résidents, avec le salaire en moins, car leur revendication n'arrive pas à la moitié du salaire logiquement estimé, soit entre 50 et 60 millions, ce que toucherait un ministre ou un député avec les tracas en moins.

Avec la propagation de l'épidémie de la rougeole certains n'ont pas manqué de dire que c'est la faute à la population qui a refusé de se faire vacciner. Peut-être bien, mais avant d'aller vers des conclusions hâtives, on doit cerner les causes de cette épidémie, notamment son origine et les moyens à mettre en œuvre pour éviter sa propagation vers le nord du pays, où les populations commencent sérieusement à s'inquiéter. Sur ces deux plans, la machine grince. Dans l'impossibilité de placer le Sud en quarantaine, les déplacements des populations peuvent faciliter au virus d'arriver dans n'importe endroit du pays. Quant à trouver l'origine de la maladie dans l'immensité du Sahara, et la circulation dans un parcours indéfini de ses habitants et ceux qui le traversent clandestinement, c'est comme si on se mettait à chercher une aiguille dans une botte de foin. Dans ces conditions, on n'a qu'à prier Dieu de nous préserver de cette maladie et d'aider nos responsables à trouver leur juste chemin !