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Etre femme
dans un univers de machos où la moustache, quel que soit son code sociétal,
fait loi, n'est pas une sinécure. Soumise à une tutelle mâle, bonne à tout
faire, objet sexuel manifeste, sous conditionnement, la femme algérienne, en
majorité, est une victime. Plus expiatoire mais victime quand même. Le 8 mars,
un jour devenu férié par la force des choses où la liberté de la femme est plus
tolérée qu'admise. De la célébration des droits des premières combattantes à
une simple date festive vidée de sa substance nourricière, cette journée
s'inscrit dans un calendrier national fait de discriminations, de brimades, de
vexations, en tous genres. La femme algérienne est victime des préjugés
masculins, coupable des courbes de son corps, même si elles sont couvertes par
un voile de pudeur qu'elle porte parce que môssieur
l'a décidé. Elle porte sa féminité comme un pêché, essayant de se fondre dans
la masse pour ne pas attirer les attentions viriles. Quand elle revendique sa
dignité et crie son mépris pour sa condition, on l'accuse ouvertement d'être
une rebelle, bonne à marier. Elle est fille, sœur, épouse, mère, incapable de
s'émanciper socialement et administrativement et traîne, comme une ombre
pesante, une condition suspecte de citoyenneté amputée. Première victime d'une
crise économique, d'un travestissement historique ou d'un malentendu religieux,
elle est coupable de provoquer l'ire du Ciel. Etre femme, en Algérie, n'est pas
le meilleur métier et changer de branche d'activité est le plus indiqué, mais
dans un pays où les opportunités d'égalité de sexe sont de la littérature de
science-fiction, il serait plus sage de raser les murs. Et c'est ce que font
les femmes. Faire profil bas, baisser la tête car elles savent que comme dans
l'héritage, elles sont considérées comme la moitié d'un homme, quels que soient
leurs diplômes ou le degré de leur intelligence.
Dans un pays dominé par la moustache, la femme fait figure de potiche, un décor, jolie à se taire, de respect de quotas imposés, de figurantes dans la politique. A de rares exceptions, des femmes finissent par se hisser sur la pointe des pieds, sortent la tête de la masse, regardent autour d'elles, à l'horizon et aperçoivent d'autres rivages plus rassurants, puis finissent par se marier, avoir des gosses à la pelle et meurent d'avoir vécu leur féminité. |
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