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Le temple de la fin du monde

par Moncef Wafi

Qu'attend l'ex-égérie de la paix mondiale pour mettre fin au génocide des Rohingya ? Depuis le début du jeu de massacre, Aung San Suu Kyi fait étalage d'une mauvaise foi et d'un cynisme sans précédent, allant jusqu'à nier l'existence d'une véritable stratégie d'épuration ethnique pour effacer jusqu'à la dernière empreinte de cette minorité de confession musulmane, vivant au Myanmar, précédemment Birmanie. Là-bas, on préfère plutôt parler de lutte antiterroriste contre ces apatrides, tenus responsables d'attaques contre les forces birmanes. Une ligne de défense comme une autre dans une époque qui veut que tout musulman, même perdu au fin fond de la jungle, soit un terroriste potentiel. Bravo Daech ! Bravo la CIA ! Bravo le Mossad ! Bravo le monde arabe. Toutes les voix qui se sont élevées de par le monde, celle des chameaux étant bien entendu restée aphone, dénonçant l'exécution et le viol de cette communauté, poussant près de 700.000 des leurs à fuir au Bangladesh voisin, depuis la fin août dernier. Fin février, trois lauréates du prix Nobel de la paix ont joint leurs voix à celles qui ont déjà appelé la dirigeante birmane et son armée à cesser immédiatement le massacre des apatrides Rohingya, sans attendre, faute de quoi ils s'exposeront à des poursuites devant la justice internationale. Les nobélisées yéménite Tawakkol Karman, la Nord-Irlandaise Mairead Maguire et l'Iranienne Shirin Ebadi, ont demandé à Aung San Suu de ne plus se faire complice de la persécution des Rohingya, en regardant ailleurs. On rapporte des comptes rendus de femmes qui disent avoir été violées à plusieurs reprises et de familles assassinées, d'enfants jetés dans les flammes ou noyés dans des rivières, loin, très loin de la version officielle. Pendant ce temps, alors qu'on continue à torturer, à déplacer des populations entières et à violer femmes et enfants, quelque part sous le ciel de l'islam de Medine, on continue à ripailler et à bombarder les enfants de Dieu avec des bombes à fragmentation. On guerroie, par procuration, avec l'argent de la Mecque alors que des centaines de milliers de musulmans meurent de faim et de maladies moyenâgeuses. Pendant ce temps-là encore, le gouvernement d'Abou Dhabi a ouvert le plus grand temple hindou du Moyen-Orient et affiche publiquement sa volonté de construire plus de temples pour les hindous et les bouddhistes. Outre l'aspect promotionnel de tolérance de cette construction, le pouvoir en place cherche à détourner l'attention du monde des violations commises contre les travailleurs expatriés. Reste qu'à ériger une statue en or pour Aung et la boucle sera bouclée.