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Le dialogue entre les deux Corées serait-il possible ?

par Kamal Guerroua

L'élection en mai dernier à la magistrature suprême de Moon Jae-in, un progressiste ayant mis fin à 10 ans de règne des conservateurs en Corée du Sud, a-t-elle vraiment aidé les deux Corées à se rapprocher ? C'est ce que l'on peut penser au regard de l'évolution de l'actualité de ces derniers temps.

En effet, dès le mois de juillet 2017, Moon avait formulé des propositions politiques impliquant la participation du Nord aux Jeux Olympiques prévus à Pyeongchang au mois de février prochain, une réunion des familles séparées par la guerre et une reprise graduelle des discussions militaires bilatérales. Autant de mesures phares qui ont pu être adoptées lors de la réunion bilatérale du 9 janvier dernier, quoique l'incertitude demeure entière quant au sujet de la réunion des familles évoquée uniquement par voie diplomatique, mais pas encore confirmée jusqu'à présent.

De même, le président sud-coréen avait parlé récemment de la possibilité d'un sommet politique avec son homologue du nord, Kim Jong-un, au lendemain de la dernière réunion tenue entre des représentants des deux pays depuis 2015. Ce mouvement d'ouverture tous azimuts accompagne la préparation par le sud des J.O auxquels se rendront fort probablement des athlètes nord-coréens. Si, à en croire certains spécialistes, les frères ennemis parvenaient à réaliser cet exploit, ils scelleraient sans aucun doute un accord hautement symbolique après deux années d'escalade ayant vu Pyongyang procéder à trois essais nucléaires et à de nombreux tirs balistiques jugés extrêmement dangereux par la communauté internationale, les U.S.A en tête.

Rappelons également que les derniers efforts diplomatiques viennent après que les Nord-Coréens ont décidé de fermer, en 2016, la zone industrielle inter-coréenne de «Kaesong», rompant ainsi leur dernière attache avec Séoul. Un signal fort qui porte beaucoup d'espoir. Néanmoins, il est à parier que ce rapprochement ne soit que de courte durée d'autant que le discours du nouvel an adressé à la nation par le dirigeant communiste n'était pas exempt de ses habituels accents va-t-en-guerre.

D'ailleurs, le dictateur s'est targué d'avoir pesé militairement devant les Américains, grâce à la menace nucléaire que représente son pays. Ce qui prouve que l'état d'esprit des officiels nord-coréens à l'heure actuelle rend très hypothétique la pérennité de la détente. Aussi, l'imprévisibilité déconcertante de Donald Trump sur le dossier de la Corée du Nord, considérée par le Pentagone comme «Rogue State» (pays voyou), est à même d'entraver tout dialogue constructif entre les deux voisines asiatiques dans un contexte très particulier où celles-ci s'apprêtent à procéder dans les mois qui viennent à des manœuvres militaires conjointes, suspendues présentement à cause des J.O, lesquelles provoquent traditionnellement les représailles de Pyongyang. L'avenir commun serait-il alors au dialogue ou à l'escalade ? Wait and see!