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Etre Algérien, c'est comment ?
par Moncef Wafi
La FAF de Zetchi a frappé un grand coup de pied dans le vide à défaut
de qualifier le pays à la Coupe du monde, histoire de faire comme nos voisins
qui eux partiront en Russie. De la valse des entraîneurs de seconde zone,
d'illustres inconnus au bataillon des coaches reconnus, qui sont venus se ressourcer,
financièrement parlant, auprès du Trésor, et l'installation d'un triumvirat à
la tête des Verts alors que la logique sportive aurait voulu qu'on ne nomme
qu'un Ighil ou un Menad à
la barre technique, voilà qu'on nous sort cette histoire des binationaux. Le
bureau fédéral de la FAF a décidé de revoir les critères de sélection des
joueurs binationaux évoluant à l'étranger en les invitant à prouver leur amour
au pays avant de fouler nos grasses et piteuses pelouses. «Engagement
inconditionnel en faveur de l'Algérie», telle est la formule de patriotisme
trouvée par la FAF qui se fourvoie dans les détails au lieu d'assumer
publiquement ses ratés. C'est comme si l'Algérie découvrait enfin ses
binationaux alors qu'ils ont toujours évolué dans les plus hautes sphères
politiques et décisionnelles du pays. Ils étaient tellement présents et bien
installés au sommet de l'Etat qu'il aura fallu d'un article dans la
Constitution pour baliser dorénavant le profil «de ceux qui voudraient
représenter l'Algérie à de très hauts niveaux de responsabilités», dixit Ouyahia. Voilà où nous en sommes en 2017 où on demande à
des joueurs de foot de faire preuve de leur patriotisme. Concrètement, que
faut-il faire pour être plus Algérien que les Algériens ? Avoir une fiche
communale originale ou contrefaite ; chanter Kassaman
en versant des larmes, même de crocodile ; réciter par cœur la Constitution
algérienne, ancienne et nouvelle ; ne pas disposer de biens à l'étranger ;
déchirer en public son deuxième passeport d'adoption ; faire allégeance au
système et clamer des vers à la gloire des étoiles ; inscrire son fils à
l'école publique et le faire manger un sandwich froid à midi dans les cantines
de la République. Bien sûr, nous eûmes des orages comme chantait Brel et le
constat est le même pour les Algériens de souche et les exportés. Alors qui a
le droit de dire qu'on est Algérien ou un loup en possession d'un passeport
vert ? Personne, surtout pas les gars de la FAF qui ont décrété qu'il faut être
Algérien avec moustache frisée pour jouer au ballon et amuser la galerie même
si on n'arrive pas à se qualifier au mondial comme tous les voisins d'à côté.
Alors, elle n'est pas belle la vie sans passeport !
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