Selon l'ex-ministre des Finances, les Algériens sont responsables de l'effondrement du dinar national. Pour Benkhalfa, les six millions de touristes DZ qui partent en vacances à l'étranger chaque année, concourent, dans une grande mesure, à la déstabilisation de la monnaie nationale. Eux, les sauvages qui prennent leurs valises en carton et qui vont dépenser les devises de l'Etat en chiffons et en parfums. Cette attitude antipatriotique a fini par renverser une monnaie forte devant laquelle tremblait le yen et le dollar.

Comme solution pour relever le dinar, les Algériens devront dorénavant passer leurs vacances au bled, se serrer comme des sardines anorexiques sur les plages pourries du pays en payant bien sûr le droit de profiter du soleil du Bon Dieu. La faute à ces Algériens qui mangent le pain du pouvoir, qui respirent l'air de l'Algérie d'en haut et qui, à la fin, pour remercier l'Etat de sa carte d'identité verte, ne trouvent pas mieux que d'aller dilapider les devises ailleurs.

Au lieu de souscrire à la collecte d'argent initiée par le gouvernement ou de participer au téléthon pour sauver le cadavre ensommeillé, ces ingrats partent à l'étranger pour s'attabler aux terrasses des bistrots et acheter dans les bazars stambouliotes.

Honte à nous Algériens, hommes de peu de foi qui tournons le dos à la patrie, gaspillons l'argent du peuple dans les soirées mondaines dans les boites chics de Paris et dans les casinos de Las Vegas !

Que dirait Amirouche, Ben M'hidi et tous les martyrs s'ils nous voyaient voyager avec des cabas pleines d'euros pour acquérir des toits et une résidence chez l'ennemi d'hier ? Je n'oserai pas imaginer leur effroi quand ils apprendront qu'une partie du pays, la meilleure part, a été cédée aux étrangers et que la mémoire est devenue subitement sélective.

Nous Algériens sommes indignes de la Révolution, nous avons trahi le serment de Novembre car nous mangeons trop de yaourt et nos femmes font beaucoup de mioches. Pardon Benkhelfa, oh si nous savions le mal que nous faisons à notre beau pays par notre ignorance crasse ! Nous, locataires de l'Algérie d'en bas jurons sur la tête de ce que nous avons le plus cher au monde, un visa Schengen, que plus jamais nos pieds ne fouleront la terre des autres, que la mort nous surprendra, ici-bas, sur la route de nos champs et que nos cadavres se décomposeront plus vite pour se transformer en pétrole. Gloire à l'Algérie !