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Salat El Istisqa «bis»

par Abdelkrim Zerzouri

Cela fait assez longtemps qu'on n'a pas connu un automne aussi printanier. Les saisons sont vraiment déboussolées par la bêtise des hommes, la pollution et les incessantes agressions contre l'environnement qui provoquent la colère de dame nature. La pluie qui se fait rare en cet automne fait planer de sombres horizons sur l'agriculture, menacée par la sécheresse. Là, on paie cash nos saletés, en communauté mondiale, pas seulement sur le plan local, puisque d'autres régions enregistrent des chutes de pluies diluviennes qui provoquent des inondations dramatiques et détruisent également tout ce qui est mûr et pas mûr sur leur passage.

Dans d'autres régions, le soleil n'arrive plus à percer l'épais brouillard de la pollution. Rien à faire. L'appel à la ?Salat El Istisqa' devrait être renouvelé, on l'appellera Salat El Istisqa ?bis', et encore s'il sera entendu par le Tout-Puissant. Tant propreté et piété doivent aller ensemble. On ne se moque pas de la nature pour lui demander après d'être en retour clémente avec les humains. On ne se moque pas impunément de la nature. C'est le seul lien avec le nucléaire, qui peut mettre en péril l'avenir de l'humanité tout entière. Autant ceux qui participent à polluer la sphère terrestre que ceux qui regardent le monde suffoquer sans avoir du tout participé à l'élargissement du trou de l'ozone. Dans notre petit monde, on continue encore à penser petit, prier pour que Dieu arrose nos terres. Et le déluge ailleurs. On garde, ou on veut garder, propreté et confort chez soi, et on se fiche de ce qui se passe juste au pas de notre porte. C'est ce qui fait amonceler les saletés dans nos cités, fait regorger nos rivières qui nous donnent l'eau que nous buvons de produits toxiques qui s'y déversent des usines, qui font la richesse de quelques individus. Doit-on penser à la ?Salat El Istisqa' avant de nous absoudre de nos péchés ? Bien sûr que non. Quand on joue l'hypocrisie, et avec qui, les vœux ne sont pas exaucés. Pour souhaiter du bien à l'agriculture du pays, à l'estomac du peuple, en priant Dieu de nous donner de la pluie, on doit avant tout présenter une main verte, un cœur blanc.

Pas seulement indiqué pour un seul homme mais pour toute la collectivité qui partage un même dénominateur commun, l'environnement, dans son sens le plus large. Vivons ensemble, vivons heureux, dans un milieu sain. Simple mais utopique. Puisque chacun fait tout pour tirer le tapis de son côté. On ne peut rien espérer de bien tant qu'on n'aura pas compris que l'intérêt individuel se dilue dans l'intérêt collectif. Ce vers quoi devraient aspirer toutes les politiques.