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Pauvre campagne électorale

par Abdelkrim Zerzouri

Le «nerf de la guerre» manque affreusement à cette campagne électorale des locales qui débute dans la morosité et l'indifférence de la population. Il y a, assurément, ces petites sorties des candidats sur le terrain de la proximité, mais cela ne fait que révéler davantage la pauvreté de cette campagne électorale qu'on veut mener sans trop forcer sur les maigres caisses.

Durant cette première semaine, seule l'offensive des partis et des candidats en lice pour ces joutes électorales sur facebook rappelle aux internautes ce prochain rendez-vous du 23 novembre. Sur facebook, faut-il le rappeler, la campagne est gratuite. Et encore, faudrait-il régler la note des frais de la connexion à l'ADSL ou la 3/4G. Des partis assurent difficilement et les frais d'imprimerie et le travail de collage des affiches des listes sur les panneaux publicitaires à cause, toujours, du manque d'argent. Les colleurs d'affiches, qui se rappellent les expériences amères des élections passées, où ils ont dû batailler bien longtemps après les élections, vainement pour certains d'entre eux, pour recevoir leurs récompenses, en liquide, ne veulent plus bouger le petit doigt sans être payé à l'avance. Les chargés de cette mission dans les QG de campagne ruminent leur colère contre les candidats qui ne mettent pas la main à la poche.

C'est une campagne électorale marquée du sceau de l'austérité. Les formations politiques sont à la recherche désespérée du financement de leur activité. Presque toutes les promesses données par les «sponsors» avant le lancement de la campagne se sont débinés le jour J, chacun selon ses raisons. Certains, qui avaient donné leur accord préalable pour financer la campagne électorale de partis qui bénéficient d'une aura politique attractive, ne voyant pas sur les lites les candidats qu'ils ont «parrainés», se retirent de la scène du spectacle, d'autres sont aux abonnés absents après avoir bombé le torse avec du vent dans les paroles et dans les poches.

Pauvre campagne électorale, qui dévoile un peu la pauvreté rampante dans le champ politique, où on n'arrive plus à acheter les voix des électeurs. Les candidats s'esquivent, presque, des QG pour aller casser la croûte, histoire d'éviter les ?invites' à manger et la note à payer qu'ils ne peuvent honorer. Fini le temps des méchouis pour attirer les voix des électeurs. Enfin, on devrait remercier Mark Zuckerberg pour la mise à disposition de son réseau social (facebook) au profit de nos candidats, dont les ?murs', ces derniers jours, sont pleins de posters. C'est un peu l'anarchie, car nos candidats -du moins beaucoup d'entre eux- ne maîtrisent pas ce moyen de communication, prêtant souvent le flanc aux moqueries sarcastiques des internautes, mais toujours est-il qu'ils sont visibles et y mènent campagne gratuitement.