C'est la
rentrée. Sociale, politique, scolaire, familiale, économique, ludique et
sportive. Bref, la rentrée tout court pour les Algériens, qui auront vécu un
été 2017 digne d'un polar pour film de série B. Le limogeage sans ménagement de
Tebboune a laissé les Algériens sur leur faim quant
aux véritables raisons du départ d'un homme, qui avait rencontré son homologue
français durant ?'ses vacances françaises». Comme avant lui Benflis.
Mais, cette rentrée politique s'annonce sous de mauvais auspices pour le
nouveau Premier ministre, qui doit subir l'examen de passage, somme toute
formel, d'un Conseil des ministres demain mercredi. C'est le chef de l'Etat qui
va présider ce Conseil, selon Ouyahia, ce qui en soit
marque une autre rentrée, politique celle-là, puisque l'apparition télévisée du
président Bouteflika donnera le tempo officiel à la rentrée sociale, dont la
présentation par Ouyahia de son plan d'action devant
le Parlement, si le protocole est respecté. Pour autant, les Algériens seront
loin de ces événements de palais, de ces choses qui sont si loin de leur
réalité. Car la réalité des Algériens sera, bien sûr, la rentrée scolaire et
tout ce qu'elle implique comme dépenses pour les effets vestimentaires et
autres trousseaux et livres scolaires. De grosses dépenses en perspective pour
les parents d'élèves, après les dépenses de l'Aïd El-Adha.
Pour autant, la rentrée sociale des Algériens du pays profond sera bien la
réouverture des portes des écoles et ces milliers d'enfants bien habillés,
sentant bon la naïveté et la fraîcheur d'une âme candide, qui vont l'imaginer,
la produire. Car l'autre rentrée scolaire aura lieu sur le terrain des
terribles et parfois, il faut le reconnaître, inutiles affrontements entre les
syndicats-enseignants et leur tutelle. Là, cette rentrée marquera le rythme de
ce que sera l'année scolaire et, surtout, comment vont être préparées
les prochaines joutes entre les partenaires sociaux dans le système éducatif.
Mais sans que les élèves ne soient l'otage de marchandages sur leur dos.
L'autre rentrée après l'Aïd El-Adha sera celle des
épiciers, des marchands de fruits et légumes, de grossistes en tout et rien,
des racoleurs professionnels dans les marchés informels. Cette catégorie
d'Algériens, bien connue pour prendre des vacances au moment où elle est le
plus sollicitée, évolue malheureusement dans un autre monde, parallèle à celui
du ministère du Commerce, qui, lui, s'est spécialisé dans le commerce des
communiqués et des PV aux Aliens. Pour les milieux
d'affaires, il y aura également leur rentrée, celle qui devrait apparaître au
12e croissant lunaire suivant le Conseil des ministres, avec notamment la
surveillance du jour de la libération des importations et la fin de la période
de jeûne correspondant à celle de l'imposition des quotas, après la période
faste du tout ?'import-import». Bref, ce sera la rentrée des rentrées dans les
tout prochains jours, même celle des hadjis, qui vont revenir au pays après un
dur pèlerinage. Cette rentrée de nos pèlerins va, bien sûr, redonner un coup de
fouet au commerce informel des ?'baklaoua» et des
produits du Hidjaz. Une belle rentrée donc, qui va,
au moins, donner du répit au rythme endiablé de la vie à l'algérienne. Un des
rares pays au monde, sauf la pâle copie renvoyée par là où vit la plus grande
communauté de nos émigrés, où il y a autant de rentrées et de sorties de tout,
en particulier de gouvernements, qui sont changés du jour au lendemain, de
décisions qui font le malheur de millions d'Algériens, et le bonheur de moins d'une
centaine, de ministres rentrants-sortants comme une équipe de football. Il n'y
a que l'équipe nationale de football qui a raté sa rentrée. La faute,
certainement, à ces millions d'entraîneurs qui n'arrivent pas à se mettre
d'accord pour sortir du cycle infernal des rentrées sociales ratées.