Cette
année 2017, les calendriers grégorien et hégirien nous promettent une belle
rentrée, sociale, scolaire et festive, avec la célébration de l'Aïd El-Adha, seconde grande fête musulmane, avec le sacrifice du
mouton. Pour le gouvernement Tebboune, si celui-ci
survit d'ici là à la crise, cette rentrée a été pompeusement déclarée ?'calme,
sans problèmes''. Une autre vue de l'esprit de Tebboune.
Les syndicats indépendants et des organisations professionnelles promettent, de
leur côté, une rentrée ?'chaude''. Et le mouton? Lui,
il s'annonce d'ores et déjà difficile à attraper, sinon au prix d'énormes sacrifices,
pour les familles et pères de ménage. Même si des milieux, qui se croient au
fait du marché du bétail, avancent que la cote du mouton sera cette année en
deçà de l'année dernière, le bélier n'est pas prêt à vendre aussi facilement sa
peau. Le fait est que la célébration de l'Aïd El-Adha
cette année coïncide avec la rentrée scolaire. Et qui dit rentrée scolaire, dit
dépenses lourdes pour les familles ayant au moins deux enfants scolarisés. Car
il faut acheter non seulement les articles scolaires, les vêtements, mais
également le ?'kebch» dont le prix équivaudra au
moins aux dépenses d'un seul enfant scolarisé. Alors, question:
que fera le gouvernement pour faire baisser les prix des béliers et, surtout,
mettre hors d'état de nuire les centaines de spéculateurs, qui s'engraissent
sur le dos des citoyens en créant des marchés parallèles aux marchés informels
du mouton ? Une autre période difficile pour les Algériens. Ces Algériens dont
la plupart n'ont pas plus de 30.000 dinars de revenu par mois. Ces Algériens qui vivent avec le minimum et qui attendent, en fait
depuis longtemps, que le gouvernement fasse son boulot, celui de rendre aux
citoyens les choses faciles, offrir des conditions de vie moins stressantes à
l'approche de certaines fêtes, d'événements importants, et surtout d'éliminer
les prédateurs, les petits bien sûr, qui font que les marchés informels
existent là où l'Etat est impuissant à organiser une chose simple ailleurs: le
marché aux bestiaux, la vente, une fois par an, du mouton. Mais l'Aïd
El-Adha, c'est la fête. Et les Algériens, avec leur
?'nif» et leur esprit rebelle, ne sont pas prêts à renoncer aux joies du
sacrifice du mouton. Qu'importe que l'inflation soit en hausse et que les prix
du mouton s'enflamment au fur et à mesure de l'approche de l'Aïd. La fièvre
d'»el ayada» va s'emparer des Algériens, et comme
d'habitude, ils vont se serrer la ceinture, se mettre à deux ou à trois pour
s'offrir un beau bélier qui fera bomber le torse aux bambins et aux plus
grands. C'est comme cela, c'est la tradition, et la société algérienne tient
tellement à ses traditions que les ménages vont, une fois encore, s'endetter,
se sacrifier pour ne pas déroger à cette sacro-sainte habitude. Le ?'kebch», lui, n'attendra pas de ?'sabots» fermes cette
fois-ci les clients, il sait d'avance que la partie est perdue. En face, il a
devant lui un autre animal, pensant celui-là, qui fonctionne par l'absurde. Non
pas qu'il est capable de se jeter dans le précipice, comme ses aïeux de
panurge, mais il est heureux quand il pense qu'il défie l'impossible, des
situations désespérées, et qu'en achetant un paquet vivant de viande et d'os
avec beaucoup de laine, il est quelqu'un de respectable. Même s'il est obligé
de gager ses biens les plus précieux, sa famille et ses enfants. C'est comme ça
pour l'Algérien lambda, un Aïd El-Adha sans mouton,
ce n'est pas normal. Comme un chef de gouvernement, qui se fait taper sur les
doigts comme un écolier pris en flagrant délit de rêver en classe, n'est pas
normal. Ah ! Cet Aïd El-Adha va nous réserver bien
des surprises.