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Macron contre Macron

par Mahdi Boukhalfa

C'est comme dans ce film de Louis de Funès, ?'Fantomas contre Fantomas'', que les Français avaient été invités dimanche à élire leur nouveau président. D'un côté, il y avait l'hydre à sept têtes, la bête, et de l'autre Merlin l'Enchanteur, plein d'artifices. Pour qui voter était la question inutile pour plus de 65% de Français. En fin de compte, Merlin l'Enchanteur a gagné, mais laisse cette impression de déjà vu, de quelque chose qui a réapparu sous une autre forme. C'est ainsi que beaucoup de Français, soulagés qu'il n'y ait pas l'arrivée d'une aventurière et non moins roturière à la tête du pays, se demandent cependant à quelle sauce ils seront mangés par le nouveau président dans un pays fracturé, en proie au doute, où les questions sociales comme le chômage, l'emploi et les délocalisations d'usines se posent avec plus d'acuité que celles politiques. Mais, dans les deux cas de figure, les deux présidentiables ont chacun la bonne et la mauvaise ?'face'', selon que l'on soit partisan ou pas. Mais, si pour la majorité du monde, le spectre de l'isolationnisme de la France, qui filait tout droit vers un ?Frexit'' qu'annonçait une éventuelle victoire de Le Pen, est écarté, il reste que le ?'macronisme'' n'est pas encore une doctrine politique, ni à droite, ni à gauche, encore moins au centre. C'est ce mystère d'un extraterrestre, tombé il y a peu, moins d'une année en fait, dans l'arène politique moisie d'une France perdue dans l'océan européen, que les Algériens, les harraga bien sûr, sont actuellement en train d'étudier. De décortiquer le parcours apolitique de cet homme, et ont découvert qu'il s'agirait d'un ?'beznassi» d'une grande banque, et qui a conseillé les affairistes de France, un collègue quoi ! Certes, il est venu en Algérie où il a remis les pendules à l'heure avec les adeptes de ?'la colonisation positive'' dont se prévaut la vaincue de cette présidentielle. Il est pour qu'on ?'foute la paix'' aux émigrés, mais, qu'en est-il vraiment pour sa politique à l'égard des harraga? C'est la grande question que se posent non pas les européocentristes, ces drôles de citoyens du tout-Europe, mais tout simplement les Algériens, les Maghrébins comme les autres Africains. Avec Macron président, la France va-t-elle assouplir sa politique migratoire ? Va-t-elle fermer les yeux sur les vagues de harraga qui refusent quand même d'aller à la soupe populaire à la Goutte d'Or, mais vendent sous le manteau les Marlboro du bled. Des Algériens ont poussé un ouf! de soulagement dimanche soir, car Macron est un bon parti pour tous les «zaoualya'' de tous les pays du monde, même des Mexicains qui seraient refoulés par le trompeur Trump. Donc, c'est bien une victoire que cette élection de Macron pour les Algériens, un moment inquiets de la bonne marche des affaires. Car Macron au pouvoir, c'est l'underground des harraga, des sans-papiers, des noirs et des métis, des Maghrébins sans le sou, sans plan social d'insertion, fauchés, sans éducation ou très peu, qui auront toujours le droit de vivre dans un des pays, quand même, faut le dire, le plus accueillant et le plus tolérant du monde, avec ou sans Marine Le Pen, avec ou sans les extrémistes de tous bords. Donc, cette élection sera pain bénit pour l'émigration, une importante catégorie sociale qui a toujours participé à la prospérité des Français, au développement de l'industrie de ce pays, et à l'émergence des villes nouvelles, ce qu'on appelle aujourd'hui ?'métropoles''. Pas de panique, mais, quand même, la France l'a échappé belle!