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Législatives : les boycotteurs passent à l'offensive

par Abdelkrim Zerzouri

Le pas «gauche» d'une administration qui a mis en branle une pré campagne électorale de sensibilisation invitant le citoyen à «faire entendre sa voix», lors des prochaines élections législatives du 4 mai, est trituré, essoré, tourné en comique, et on n'a pas encore fini d'imaginer les coups les plus tordus visant à provoquer l'effet contraire recherché par cette affiche publicitaire qui veut, grosso modo, inciter les électeurs à dire leur mot le jour du scrutin. Pour dire leur mot, certains ont devancé les évènements pour tourner en caricature le slogan de l'administration et dire tous les maux sur cette prochaine élection. Les internautes n'ont pas chômé, tournant en dérision la campagne de sensibilisation lancée par l'administration dans le cadre de ces prochaines élections, passant par des images de pauvres gens, allongés sur des cartons à même le sol, auxquels on demande de faire entendre leurs voix, au manifestant la bouche étouffée par la main d'un service d'ordre musclé, auquel on demande de faire entendre sa voix, à l'affichage sauvage et anarchique de ces photos de jeunes femmes et hommes avec une carte de vote à la main, et qui ne représentent pas le « type » algérien. En somme, les idées fleurissent pour donner toute sa laideur à cette campagne de sensibilisation. On se lance presque dans un concours, sournois, du meilleur ?post' afin de faire rire la galerie. Et, l'administration, le ministère de l'Intérieur, puisque c'est lui qui parraine cette initiative, reste totalement désarmée face à l'offensive de cette contre-campagne orchestrée par des gens « anonymes » qui n'ont d'autres moyens que les réseaux sociaux pour tourner en ridicule le travail de tout un département ministériel. Des gens anonymes, certes, puisqu'ils agissent sous le couvert de réseaux sociaux, virtuels, mais ils portent bien l'habit des boycotteurs des prochaines élections législatives. Les nombreux ?post' qui font le buzz sur les réseaux sociaux, défigurant et l'image et le slogan invitant les électeurs à « faire entendre leurs voix », sont très politisés, des chefs-d'œuvre en la matière. Cela ne peut être que le fruit d'un travail de professionnels. On est bel et bien en plein dans une campagne de boycott qui ne dit pas son nom. Selon toute vraisemblance, les boycotteurs qui ne peuvent pas agir à visage découvert, ont taillé leur campagne sur le mode réseau social, qui fait d'énormes dégâts, dans le milieu des jeunes particulièrement. La couleur est, ainsi, annoncée par ceux qui rejettent ces prochaines élections législatives. Et qu'est-ce qu'on fait pour contrer cette offensive des boycotteurs ? Rien. Cette campagne de sensibilisation, visant à inciter les électeurs à « faire entendre leurs voix », qui prête la flanc à toutes les critiques, a-t-elle été étudiée et planifiée par des professionnels ou est-ce juste un travail d'amateurs ? Le ministère de l'Intérieur qui semble maîtriser les nouvelles technologies de communication, en possession, donc, de tous les moyens pour contrer ces boycotteurs, reste muet, jusque-là. Un silence incompréhensible. Il aurait été plus judicieux d'adopter ce ton silencieux pour de bon dans des moments pareils, ne jamais s'engager dans une quelconque campagne qui reste du ressort des partis et des candidats en lice lors des prochaines législatives. La mission incombe à ces derniers de convaincre l'électeur d'aller dire son mot le jour ?J', et ce n'est absolument pas à l'administration d'assumer ce rôle. Cette dernière met en place l'organisation matérielle et humaine pour assurer le bon déroulement des élections, là s'arrête sa ligne de portée, pour laisser place nette aux partis et aux candidats qui doivent animer la scène. Il est vrai que ces derniers sortent à peine de la terrible épreuve de la confection des listes électorales, qui a malmené le moral des troupes, mais le temps presse pour aller à la rencontre des électeurs et les convaincre de mettre un bulletin dans l'urne le 4 mai prochain. Surtout, adapter le discours à l'ère des nouvelles technologies. Et, les pages campagnardes, statiques, qui ont été ouvertes sur les réseaux sociaux par quelques partis, pour faire la promotion de leurs candidats, ne seront certainement d'aucune efficacité face aux équipes aguerries formées par les boycotteurs, qui font preuve d'une grande ingéniosité pour tourner en ridicule l'acte de voter.