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Ils n'ont
pas froid aux yeux ces gens qui viennent chaque année rabâcher la même
chansonnette au sujet d'un ramadhan « calme » sur le front des emplettes, se
gavant d'une abondance de la disponibilité de produits agricoles et de prix
abordables qui découleraient de cette profusion de marchandises sur les
marchés. Les fruits et légumes, disponibles en quantités largement suffisantes,
tiennent-ils à souligner d'une manière officielle, se référant en cela au
timing saisonnier qui plaide pour une telle probabilité, seraient écoulés à des
prix à la portée des bourses en dessous de la moyenne. Mais, pour les
consommateurs avertis, cela reste une toute petite probabilité qui doit faire
ses preuves face aux procédés commerciaux tortueux, face aux spéculateurs fouteurs
de troubles dans les calculs de probabilités qui ne tiennent pas compte de
facteurs exogènes. L'année dernière, celle d'avant, et aussi loin encore qu'on
puisse se rappeler, c'est le même effet d'annonce qui est répété, «
disponibilité de marchandises et prix abordables », mais le jour ?J' le
consommateur est choqué par des étals qui débordent, certes, de produits
agricoles, comme on le prévoyait, mais avec des prix qui ne suivent pas la
formule logique « abondance de produits = prix abordables ». Ce n'est pas une
fois ou deux, mais à chaque rendez-vous du ramadhan, les prix flambent, voilà
l'inflexible réalité à laquelle se trouve confronté le citoyen chaque ramadhan.
Cela va-t-il changer cette année ? Faut-il croire ce que racontent des
responsables du secteur de l'Agriculture à plusieurs niveaux et d'autres
acteurs du commerce de gros des fruits et légumes ? On aimerait bien les
croire. C'est la lumière que chercherait un aveugle. Hélas, tout n'est que
mensonges et cupidité. Ces gens doivent bien savoir qu'à quelques semaines du
ramadhan, la pomme de terre est à 90 dinars le kilo, la tomate à 140 dinars le
kilo, l'ail à 1400 dinars? Savent-ils que les produits agricoles ont connu une
hausse fulgurante ? Par quel miracle pourrait-on influer sur les prix, en les
ramenant à des hauteurs « abordables » au mois de ramadhan ? Impardonnable
duperie. On essaie de nous faire oublier le feu qui nous consume dans le temps
présent, en nous brossant un tableau trompeur aux couleurs clémentes dans un
proche avenir.
Ce qu'on peut croire, sans risque de se tromper, c'est que la première semaine du ramadhan ne va guère déroger à la règle, plutôt au diktat, établi depuis de longues années. Les prix enregistreront une envolée exponentielle durant les premiers jours du ramadhan, dans la foulée d'une frénésie inévitable qui s'empare en pareille période des consommateurs jeûneurs. Durant cette semaine, où les prix atteignent les cimes, vertigineuses, ces mêmes responsables reviendront nous chanter une autre chansonnette, dont les paroles, tout autant tranquillisantes que celles de la première, apprises par cœur par les consommateurs, à force d'être ressassées chaque année à la même période, présageant une baisse des prix dès la deuxième semaine du ramadhan. Franchement écoeurante cette façon de gérer ce dossier sensible. Car les chansonnettes sont probablement écrites sous la dictée des spéculateurs. |