Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Le football, un aliment algérien

par Mahdi Boukhalfa

Le football algérien vit des moments pathétiques. La guerre des tranchées est de nouveau ouverte pour la présidence de la Fédération, les textes qui régissent cette fédération sont l'objet de grandes manipulations, et les hommes de cette ?fédé' sont soupçonnés de jouer double jeu. Faire perdurer le statu quo jusqu'aux résultats de l'élection du nouveau membre exécutif de la CAF, pour la zone nord-africaine. C'est en somme cette anguille sous roche que des tenants de la légalité, au sein des instances du football national, avaient débusquée lorsque la commission électorale de la FAF avait reporté les élections au 27 avril prochain.

Cette bataille des positions et de leadership au sein de la FAF captive les Algériens, plus que les communiqués des partis sur leur participation aux prochaines législatives. Car le 4 mai prochain, l'électeur algérien, un des 37 millions d'entraîneurs de l'équipe nationale, sait que les jeux sont faits, bien avant que les bulletins de vote n'aillent mourir, inutilement, dans l'urne. FLN, RND, TAJ, MPA and Co auront, chacun, son quota de voix. C'est calculé d'avance, pense, dur comme fer, l'Algérien lambda. Par contre, dans le monde du « ballon rond », les luttes internes, les coups fourrés comme les coups de Jarnac sont légion et bien plus captivants que ces sempiternelles élections. Car cette fois-ci, il s'agit de désigner, par voix de vote, non comme la dernière fois « à main levée » pour reconduire Raouraoua, le nouveau président de la FAF.

Celui qui va redorer le blason de l'équipe nationale, qui va redonner leur fierté aux Algériens, blessés lors de la dernière CAN dans leur amour propre, avec cette défaite qui fait mal devant la Tunisie. Donc, flairant l'esbroufe, les autorités ont dit stop à la commission électorale, et lui ont intimé de ne pas reporter les élections au mois d'avril et de les tenir maintenant, en mars. Pourquoi ? En fait, il semblerait que Raouraoua serait toujours « candidat », mais veut jouer une carte importante : il brigue le poste de membre exécutif pour la zone Afrique du Nord, et dans le cas où il serait battu, ce jeudi 16 mars, par son adversaire le plus dangereux, le président de la FRMF, et président de la Renaissance de Berkane, Faouzi Lekjaa, il pourrait de nouveau, se rabattre sur la présidence de la FAF, que ses « soutiens » de toujours lui auront ménagé en reportant la date des élections. Seulement voilà, aux dernières nouvelles, le Premier ministre Abdelmalek Sella serait, lui, également à Addis Abeba, et lui aurait sûrement dit, après avoir lâché son ministre des Sports sur les membres de la commission électorale, « barakat, 8 ans, bezeff, c'est bezeff ». C'est ainsi que les Algériens, qui n'ont plus aucun espoir de voir les prix de la patate revenir à 15 DA/kg ou aller au cinéma, voir un bon western, même spaghetti, ne perdent pas l'autre espoir de voir le football leur appartenir, en faisant et défaisant les présidents de Fédération, de clubs, ou composer leur équipe nationale. Car pour ces Algériens, s'il est permis de jouer aux apprentis sorciers pour jongler avec l'avenir du pays, ou piper les dés, le temps d'élections, il n'est pas permis, inconcevable que l'on joue avec l'avenir du football.

Alors, que les faiseurs de rois au, sein de la FAF, fassent bien attention de ne pas s'attirer la colère des foules, celles qui vont contre vents et marées, supporter une fragile équipe nationale lors des prochains matchs de qualification à la Coupe du monde. Ce serait leur enlever leur dernier calumet, leur raison de vivre sous ces cieux. Et leurs fugaces espoirs d'une autre vie après une qualification, même dans les rêves, à la prochaine Coupe du monde.