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Guerre ou paix ?

par El Yazid Dib

Mettre sur une bouche une croix est loin de voir des candidats transis ou éjectés rester les voix croisées.

Ils ne vont pas croiser les bras comme dans un militarisme partisan à la bolchevique. C'est le dilemme de «guerre ou paix» qui leur est imposé. Les listes des candidatures ne sont pas passées sans qu'il n'y ait du grabuge, de l'envie et de la colère. Les frustrations étaient légendes dans toutes les contrées. Les regrets étaient entendus tels des gémissements de moribonds au seuil d'une mort politique.

Un personnage intronisé sur une liste électorale est censé d'abord recueillir tout l'assentiment de ses colistiers. Qu'il ait été ou non consulté, il se doit de démontrer l'adhésion à l'obédience de son autorité partisane et faire avec. Ensuite commencer à opérer son opération de charmer les indécis et de tracter ceux qu'il fâche parmi son aréopage ou au sein de ses détracteurs. Sinon la campagne électorale n'aurait en fait à se résumer qu'en un spectacle en public où la parole habituelle et liquoreuse empêcherait le cœur d'y être. C'est là où le risque managérial risque de s'élever comme un résultat prémédité. Une voix, si banale soit-elle, est capable de changer le poids des balances et renverser le sens des ballottages.

Regrouper dans des enclos des oreilles et proférer ses saints prêches ou disserter sur un futur qui n'arrive pas est devenu une litanie trop longuement susurrée. Les jeunes de ce jour n'entendent pas la réalité de la même oreille. Ils veulent avoir leur révolution, non dans un volontariat agricole, mais sur un écran tactile et un réseau virtuel. A se demander si ces gens, vieillots qui se bousculent aux portes de la députation savent bien digitaliser, déchiffrer un mail, s'épanouir dans un chat ou sur un blog, écrire sur un mur, twitter et accepter les spams indésirables ? Le langage n'est plus identique, les valeurs aussi. Eux, ils font des recherches dans la tête des chauves, dans les archives mouillées, dans les créneaux juteux. Les autres, plus jeunes, le font dans Google, Lycos, Mozilla et autres navigateurs. Si les premiers nagent à vue d'œil, les seconds surfent à vue libre. Le fossé est immense, hélas. L'on a pu en faire de copies conformes à l'original, au moment où cet orignal s'est déprécié, jauni, altéré au fil du temps et par défaut de bonne adaptation aux changements climatiques et de conditionnement.

Les candidats oubliés, recalés, disséminés des listes déposées vont-ils donc rester les voix croisées ? À défaut de pouvoir gueuler, ils se contenteront de faire germer en sourdine l'incapacité de la liste à engranger les milliers de voix suspendues. Un appel colérique silencieux ou une contre-campagne pourraient commencer à tracer leur lit si le rappel à la raison ou à la réalité du terrain n'était pas entrepris. D'ici l'ouverture de la campagne, l'appétit de l'électeur, de l'indécis, de l'adversaire, du rival, du proche ou du perdu de vue, dans sa délectation que dans sa riposte, prendra des allures d'attentiste.

«Guerre ou paix ?» est un lourd choix pour les consciences encore intactes.