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Culture citoyenne dites-vous!

par Kamal Guerroua

Que signifie un jardin public, un lieu de détente ou de repos pour un Algérien?                 

Quelle relation celui-ci entretient-il avec son environnement ? Nos citoyens se sentent-ils, vraiment, heureux lorsqu'ils marchent dans leurs rues (qualité de vie, hygiène, transport, confort, etc.) ? Que sait-on de leurs week-ends, leurs congés ou leurs vacances ? Et puis, a-t-on réalisé des sondages d'opinion pour savoir ce qu'ils en pensent ? Il serait, peut-être, drôle d'affirmer que, parfois même, chercher un coin paisible où l'on peut s'asseoir pour lire ou juste parler tranquillement avec soi-même s'assimile à un véritable parcours de combattant pour nombre des nôtres. Nos villes sont défigurées, nos rues amochées et surtout insalubres, nos espaces verts peu entretenus ou carrément délaissés ! Comme si le marasme qui aurait déjà atteint le fond de nos consciences a déteint «sauvagement» sur nos espaces, terrible! A cette impasse politique qui a trop duré s'ajoute cette impossibilité gênante de trouver un défouloir où quiconque peut se décharger du fardeau de ses soucis, respirer l'air pur et penser un peu au monde qui bouge autour de lui. Mais d'où vient ce problème ?

De nos mairies et de nos élus ? Ou simplement de nous-mêmes ? Il m'a été donné de voir, une fois de visite dans un jardin très connu de la capitale, une poignée de jeunes s'asseoir sur le rebord des bancs publics, tout en mettant leurs pieds là où ils devaient normalement s'asseoir. J'avoue que ça m'a révulsé. Et ma colère n'a fait que monter davantage lorsque ceux-ci s'en sont pris à un agent d'entretien qui leur a ordonné de s'asseoir convenablement, en le traitant de tous les noms d'oiseaux, comme s'ils étaient touchés dans leur amour-propre. Cherchez l'erreur ! Bien sûr, c'est l'éducation civique..., c'est l'école.

Comparons maintenant cette scène à la petite histoire du maire de New York Rudy Giuliani par exemple. Croyant que ses décisions sont irrévocables, celui-ci aurait essayé, il y a plus d'une dizaine d'années, de vendre des jardins communautaires à certains promoteurs immobiliers mais s'est vu rapidement attirer la foudre de tous les citoyens. Ces derniers s'étaient plaints que leurs enfants soient privés d'aires de jeu et de détente, défendant mordicus leurs espaces verts. De même les militants associatifs ont-ils vite saisi la justice, puis se sont emparés d'un quartier chic de Manhattan où habite la haute classe, les cadres et les élus, pour le transformer en espace civique, animé par l'échange, l'éducation et la fête! Comme s'ils leur disent: «si vous voulez nous éjecter de nos jardins, alors, on va nous aussi vous éjecter de vos rues!»