L'annonce
de la révision de moitié du quota d'importation de voitures pour 2016 va
provoquer des drames. Des lendemains pas nécessairement réjouissants pour les
milliers de familles qui vivent directement ou indirectement du marché de
l'automobile. La raison est simple: les restrictions
sur les importations vont fatalement impacter autant la demande que l'offre
d'emplois par les concessionnaires. Pis, ces derniers, avec les baisses
drastiques des quantités importées qui sont passées de plus de 7 milliards de
dollars en 2013 à moins de 2 milliards de dollars en 2016, donnent une idée
précise sur les dégraissements effectués par les concessionnaires, dont le
nombre d'employés a été réduit de moitié. C'est dramatique pour ces employés,
généralement des licenciés en économie et gestion, qui risquent de perdre leurs
emplois et, partant, d'aller grossir les rangs des chômeurs. Une situation
sociale catastrophique que le gouvernement, en voulant donner un coup de frein
aux importations de voitures et encourager les constructeurs à s'installer sur
le marché algérien, n'a pas vue. Et donc qu'il crée lui-même le chômage des
cadres. Qu'il est en train d'exacerber, d'autant que les recrutements sont
pratiquement bloqués dans le secteur public. Alors ? Où iront ces nouveaux et
futurs chômeurs ? Une question que devraient se poser le gouvernement et le
ministère du Commerce, à un moment où le chômage est devenu un vrai problème
social, avant d'être économique, et que la société algérienne est en train de
s'appauvrir doucement. Ce que le gouvernement n'a pas vu également, en décidant
d'aller plutôt vers des situations socialement extrêmes et dures, comme la
hausse des taxes pour augmenter l'assiette fiscale, au détriment de solutions
moins violentes, moins agressives. Le marché de la voiture fait vivre des
milliers de familles, tout comme le BTP, qui n'est plus un grand pourvoyeur
d'emplois avec les restrictions sur le ciment et le rond à béton, l'agriculture,
tous ces secteurs où il y a une économie underground qui fait autant travailler
et vivre les Algériens que rapporter de l'argent au Trésor. Certes, décider de
bien gérer l'argent des Algériens, c'est bien. Mais décider de restreindre le
niveau de vie des Algériens, de les acculer socialement pour les mettre dos au
mur sur bien des avancées sociales, est dangereux et contreproductif, alors
qu'il fallait depuis le début de la crise, en 2014, les prémunir contre le
spectre du chômage, la précarité sociale et des lendemains incertains. En
réalité, ce qui se passe est tout à fait le contraire, et il semblerait que
l'austérité serait bien présente aujourd'hui, même si au gouvernement on s'en
défend. Il n'y a qu'à voir le rythme auquel les hausses de prix sont annoncées
pour les produits de large consommation, la difficulté à accéder à certains
services et la paupérisation de plus en plus évidente d'une grande partie des
Algériens, ceux qui, à l'intérieur du pays, loin des trépidations des grandes
villes, à l'abri des regards, manquent de tout, car n'ayant plus les moyens de
s'offrir un simple repas. Les temps sont durs pour ces Algériens dont la voix
se perd dans l'indifférence totale et que personne n'entend, ni n'écoute. Ce
sont ces Algériens-là, des montagnes et des vallées perdues dans
l'arrière-pays, qui souffrent le plus. Sans se plaindre. Pour ces Algériens,
tout ce qui est restrictions décidées par le gouvernement sonne comme une
exacerbation de leur pauvreté. De leur marginalisation sociale, de leur abandon
à des lendemains difficiles.