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L'Algérie, un pays de contrastes !

par Kamal Guerroua

Étonnant, comment cette Algérie qui regorge de beaucoup de potentialités n'a jamais pu, jusqu'à présent, réaliser sa transition vers une économie diversifiée (49% des revenus de l'Etat et 96% des recettes des exportations proviennent directement de la rente pétrolière) ? Et le plus étonnant, c'est qu'elle aurait contracté au mois de novembre dernier un prêt de 900 millions d'euros auprès de la Banque africaine du développement (BAD) dans l'unique objectif de le faire ! En effet, ce prêt est alloué officiellement au programme d'appui à la compétitivité énergétique et industrielle en Algérie (Pacie), lequel comprend dans l'un de ses volets un nouveau modèle de croissance économique (NMCE) visant une transformation structurelle et une diversification de l'économie de manière à réduire la dépendance de notre pays des recettes des hydrocarbures. Pour rappel, cette initiative intervient au moment où certains économistes prévoient la chute des réserves de change autour de 40 milliards de dollars à l'horizon 2018, alors qu'elles sont estimées aujourd'hui à près de 110 milliards. En plus, l'inquiétude étant à son paroxysme d'autant que le Fonds de régulation des recettes (FRR) qui sert à éponger le déficit est presque asséché. De l'autre côté du spectre, les choses n'évoluent pas aussi ! Le nouveau code d'investissement ayant été adopté par le Parlement en juillet et entré en vigueur à la mi-août 2016 est en deçà des attentes de la société algérienne. Bien qu'il apporte des modifications importantes par rapport aux deux précédents codes (celui de 1993 et aussi l'autre modifié en 1999), il n'en reste pas moins flou sur le principe du «pragmatisme économique». En ce sens que la fameuse clause 49/51 qui en est extirpée reste toutefois maintenue dans le droit algérien avec quelques ajustements dans le cadre de la loi de finances 2017. Mais que signifie au juste «pragmatisme économique» dans la tête de nos dirigeants? Est-ce garder ad vitam æternam l'emprise de l'Etat sur l'économie sans perspectives d'oxygéner le climat des affaires dans un cadre strict et organisé (davantage d'options pour l'entrepreneuriat privé, les start-up, l'auto-entreprise, etc.) ou c'est se contenter de donner «carte blanche» au marché de l'informel (les réseaux d'import-import) et les multinationales pour «saborder» une économie déjà «fragilisée» par l'improductivité, la bureaucratie, les pots-de-vin, etc. ? Quant aux nouvelles facilités proposées par l'exécutif, à savoir l'assouplissement de certaines procédures et davantage de mesures incitatives : franchises de TVA, exonérations fiscales et douanières, exemption pour les nouvelles activités de l'impôt sur le bénéfice des sociétés, la taxe foncière sur les biens immobiliers entrant dans le cadre de l'investissement et de la taxe sur l'activité professionnelle pendant trois ans, force est de constater qu'elles sont peu efficientes dans une atmosphère générale polluée par la mauvaise gestion et la corruption. Un constat amer même si, de loin, ce code-là présente des avantages supplémentaires pour les activités privilégiées (l'industrie, l'agriculture, le tourisme).