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La théorie du complot n'est pas une théorie

par Moncef Wafi

Le loup solitaire qui a frappé à Istanbul, dans la première heure de 2017, est tout sauf un acte isolé. Ses victimes, de paisibles fêtards, pensant être à l'abri d'Alep et de Mossoul, ont été fauchées, au milieu d'une danse, d'un verre ou d'une drague. Si la police stambouliote a déclenché une vaste chasse à l'homme, dont le portrait orne toute la Turquie, le principal coupable est ailleurs. Il est à Paris, Londres, Berlin et Washington. Il prie à Ryad, fait ses emplettes à Doha et se paie du bon temps à Abou Dhabi. Il arbore l'habit des droits de l'homme, parle démocratie, boit de la pisse de chameau, se cache derrière la guerre confessionnelle et forme des légions de tueurs d'enfants et de dépeceurs des républiques. Si quelqu'un doit payer, ce n'est pas, forcément, celui qu'on croit mais celui qui exhibe ses mains propres, lavées du sang des innocents, en Syrie, en Irak, au Yémen et en Libye. Qui passe en boucle ses images de propagande reliées par des médias nauséabonds et absouts dans le verbe des plumes renégates. Alep est cette autre bataille d'El Karama que le monde arabe glorifie jusqu'à nos jours, mais elle n'aura concerné les bédouins du désert que par les espions qu'ils y auront envoyés pour des alliances contre nature avec les agents du Mossad, de la CIA, de la DGSE et du MI6 pour diviser la Syrie. Un pays qui, dit-on, paie le refus de son président de laisser passer un serpent de gaz pour approvisionner l'Europe à partir du Qatar. Sa décision, alliée de la Russie dans cette guerre du gaz, a scellé son sort et les télévisions arabes sont passées à l'acte. S'il n'y avait pas un BHL sioniste derrière, les Syriens étant plus politisés, ?Al Jazeera' a sorti ses décors en carton-pâte, destinés, dans un premier temps, à l'Algérie, pour nous vendre son bouillon de culture. Hollande, Cameron et Obama ont pris le relais depuis. N'était-ce l'intervention des miliciens du Hezbollah, de l'Iran et des Russes, Alger serait maintenant au centre du monde. Si le gaz est l'explication la plus soft, la sécurité de l'Etat sioniste reste le carburant majeur de ce génocide syrien.

Il n'est un secret pour personne que couper la liaison entre le parti de Nasrallah et son mentor iranien passe, impérativement, par la dissolution du régime de Bachar el Assad, dans le verre d'acide offert par Daech et préparé par l'Otan. Le Hezbollah, seule force armée arabe à avoir tenu tête aux assassins de Tsahal, est la véritable cible du ?Printemps arabe'. L'affaiblir en lui coupant les vivres avec la complicité des rois du désert est devenue une priorité, dans l'agenda des puissances occidentales, quitte à assassiner la moitié des Arabo-musulmans. Et Daech, dans tout cela ? Un détail de l'histoire comme dirait Le Pen père.