En Algérie, si tu revendiques tes droits, c'est que tu
n'aimes pas ton pays. Une lapalissade chez les hautes sphères qui réfléchissent
à notre avenir. C'est simple et limpide. Tu parles, alors tu es considéré
irrévocablement comme un ennemi de la patrie, un renégat, un harki de la
première heure et tu participes à la déstabilisation de l'Algérie. Et c'est
Sidi Saïd qui le promulgue expliquant sérieusement que les grévistes de chez Benghebrit, Boudiaf et Ghazi déstabilisent le pays. Rien
que ça, alors que la mauvaise gouvernance, l'incompétence institutionnalisée,
la corruption, les passe-droits, la rapine, le vol et la trahison sont des
choses normales dans un pays normal. Cette proportion à faire des enfants de
l'Algérie ses ennemis les plus farouches n'est pas nouvelle dans la ligne de
défense de la hiérarchie nationale puisqu'en désespoir de cause et manquant terriblement
de solutions, on préfère jouer sur la fibre nationaliste et frapper d'opprobre
les grandes gueules d'en face. Tu revendiques, alors tu n'es pas un patriote,
oubliant que les vrais patriotes ne passent pas leur temps dans les palaces à
l'étranger à gaspiller l'argent du peuple, à dépenser les milliards de la
corruption à Paris, Genève ou Dubaï. Les Algériens, les vrais, n'ont pas de
leçons de patriotisme à recevoir. Il suffit qu'ils voient défiler les
augmentations des prix et des taxes chaque année sans faire de vagues car ils
savent que peut-être le salut viendra de là. Peut-être parce que rien ne dit
que les choses vont s'améliorer en présence de gens qui ont précipité la chute
du pays par leur peu de clairvoyance dans les affaires de gestion. Ces menaces
officielles, ces discours révolus plombent l'Algérie, l'empêchent d'évoluer, le
ramenant à la période stalinienne. Ces donneurs de leçon d'un autre âge doivent
partir maintenant parce qu'ils ont fait beaucoup de mal aux Algériens. Parce
que leur vérité est intéressée, les fait vivre, eux, leurs proches et perpétue
ce système ankylosé. Parce que ces gens-là ont assuré l'avenir de leurs
enfants, de leurs arrière-petits-enfants sur cinq générations, alors que les
vrais Algériens ont simplement peur pour leur retraite.
Que les vrais patriotes parlent ! Enfin s'ils ont le temps,
ils sont trop occupés à revendiquer un minimum de dignité. Alors, les donneurs
de leçons, les gardiens du temple, de grâce, taisez-vous car c'est le maximum
que vous puissiez faire pour ce peuple !