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La guerre de Libye

par Moncef Wafi

Omar Mokhtar s'est retourné dans sa tombe au premier missile tiré par la nouvelle coalition, menée par Sarko 1er, pour pacifier les puits de pétrole de la Libye. Si nous étions tous des Tunisiens de Bouazizi et des Egyptiens de la place Tahrir, nous sommes également tous des Libyens de Tripoli et de Benghazi. Si Kadhafi renvoyait l'image d'un dictateur déconnecté, d'un despote prêt à tout, même à éradiquer ses «rats, zenga zenga», par la volonté des guerriers de l'ONU et d'une revanche «électorale» du demi Napoléon, les peuples arabes retrouvent une sympathie, quoique toute mesurée, pour le guide libyen.

 L'agression contre la Libye, tout comme celle contre l'Irak, s'inscrit dans l'agenda d'une politique occidentale convergeant vers le démantèlement des puissances régionales arabes. Celui qui a été traité de clown par le fils et de fou par le père, s'est fait un devoir d'ameuter les autres armuriers du monde «libre» pour en finir avec celui qui a financé sa campagne électorale, même si l'Elysée le nie (Clinton n'a-t-il pas nié, sous serment, dans l'affaire de Monica Lewinsky), et, du coup, on a l'impression pesante que cette intervention militaire disproportionnée n'obéit pas aux bonnes intentions qu'on veut bien lui prêter. Sous le prétexte de venir en aide à une partie du peuple qui a pris les armes contre ses gouvernants, la coalition occidentale a commencé ses «fameuses» frappes chirurgicales contre Tripoli et les brigades de Kadhafi, dans l'espoir de faire plier l'homme aux tentes. Mais l'on voit mal comment toute une armada peut être mobilisée contre une armée qui n'existe même pas. On est loin, très loin même de la quatrième armée au monde de Saddam.

 Le prétexte humanitaire prend donc le relais de la propagande occidentale après que les spins doctors eurent préparé leurs opinions publiques à l'intervention. Les événements de Libye, l'insurrection armée, les images floues et quasiment inexistantes d'un conflit interne ont décidé l'ONU, tout comme l'a fait le témoignage en live de la fille d'un officiel koweïtien devant l'assemblée onusienne, aux lendemains de l'invasion du Koweït par l'Irak, un témoignage qui s'est avéré par la suite préfabriqué, de donner le feu vert au président français pour avoir sa petite guerre dont il serait le meneur. Tout comme Bush, le fils, Sarko avait besoin d'envoyer ses avions de chasse bombarder les civils de Tripoli pour remonter dans les sondages. Ces prochains jours, on ne pourra pas s'empêcher d'avoir une petite pensée pour nos frères de Tripoli, à chaque fois que les militaires occidentaux parleront du succès de leurs frappes. La guerre de la Libye n'est qu'un prélude à une campagne plus vaste embrasant toute la région.