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Navires dans la tourmente

par Abdelkrim Zerzouri

L'accord de pêche Union européenne - Maroc subit les effets d'une forte tempête à l'approche de l'expiration de l'actuel protocole, prévu le 17 juillet prochain. Déjà, l'inquiétude s'est emparée des ministres de l'Agriculture et de la Pêche de l'UE lors des débats sur cette question, le 20 mars dernier, quand ils ont été convaincus de l'impossibilité d'éviter la suspension de cet accord en vigueur depuis le 18 juillet 2019, et qui prévoit des licences pour 128 navires, dont 93 espagnols. Dans ce contexte, selon ce qui a été rapporté par l'Agence Europe, le Commissaire européen aux Océans et à la Pêche, Virginijus Sinkevicius, a invité les pays de l'Union européenne à examiner les moyens menant vers de nouvelles possibilités de pêche au sein de l'accord UE - Mauritanie.

Le Commissaire européen a rappelé que cet accord fait actuellement l'objet d'une procédure judiciaire devant la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) dont le verdict devrait être rendu en septembre prochain, et qu'il est pratiquement «impossible d'éviter une interruption» des activités de pêche des navires de l'UE dans les eaux du Sahara occidental occupé. Comme quoi, ce que l'on acquiert illégalement ne profite jamais. Cette nouvelle donne inquiète plusieurs ministres européens, particulièrement le ministre espagnol. Ainsi que le Maroc qui doit dire adieu à des rentrées d'argent, très importantes pour son économie dans une période marquée par une crise sociale déchirante, à l'ombre des nouveaux développements des événements. Espagnols et Marocains, qui se sont ligués contre les intérêts du peuple sahraoui, seront les premiers à perdre des plumes avec la suspension, en juillet, de l'accord de pêche UE - Maroc. Pas seulement sur le plan économique, mais également sur le plan politique. Les pays de l'UE qui ont des flottes engagées dans la pêche dans les eaux territoriales du Sahara Occidental, à leur tête l'Espagne, tentent d'influencer la décision de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE), en faisant valoir la sécurité alimentaire des citoyens européens dans le cas de la suspension de l'accord de pêche, mais comment peut-on penser à ses citoyens et fouler aux pieds le droit des autres de disposer des richesses de leur pays ? Les craintes des ministres européens sont fondées, puisque la Cour de justice de l'Union européenne a, par le passé, statué que «le Sahara occidental ne fait pas partie du territoire souverain du Maroc et qu'en vertu du principe d'autodétermination et du principe de l'effet relatif des traités, les accords d'association et de libéralisation UE -Maroc ne peuvent pas s'appliquer au Sahara occidental sans le consentement du peuple du Sahara occidental».

Est-ce à dire que les principales activités de pêche du Maroc ont lieu illégalement au Sahara occidental, durant ces quatre dernières années, sous le couvert d'un fallacieux accord de pêche honteusement couvert par l'UE ? Pas étonnant avec cette affaire du « Marocgate » qui secoue les arcanes de l'Assemblée européenne, laquelle affaire va permettre une application stricte de la prochaine décision de la CJUE sans l'influence dont bénéficiait le Maroc, qui a perdu ses entrées au sein des institutions européennes.