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Rien n'est acquis

par Abdelkrim Zerzouri

Faut-il vraiment croire que l'adhésion de l'Algérie aux BRICS est acquise, en se basant uniquement sur les soutiens de principe manifestés par la Chine, la Russie, l'Afrique du Sud et le Brésil (après l'élection du président Lula), quatre pays membres de ce groupe, en sus de l'Inde ? «L'Algérie souhaite rejoindre les BRICS et nous, en Russie, soutenons cette démarche», c'est en ces termes que la présidente du Conseil de la Fédération de Russie, Mme Valentina Matvienko, a réaffirmé le soutien de Moscou à la demande de l'Algérie d'intégrer ce groupe. Non sans ajouter une observation, lors de sa visite en Algérie, jeudi dernier, faisant état de l'élaboration des critères d'adhésion à destination des potentiels candidats. "Les cinq pays des BRICS ont convenu de mettre au point des mécanismes généraux compréhensibles d'adhésion d'autres pays à cette structure. Cela témoigne du sérieux de l'organisation: [ne pas admettre] n'importe qui sans discernement sur la base de principes confus. Ce travail sur l'élaboration des critères pour l'élargissement des BRICS est en cours. La question sera tranchée par les cinq pays des BRICS", a-t-elle annoncé. Certainement qu'il faut répondre à certains critères pour prétendre adhérer à ce groupe, le président Tebboune avait estimé dans ce sens, en décembre 2022, que «?c'est lorsque le produit intérieur brut (PIB) de l'Algérie dépassera les 200 milliards de dollars, que nous pourrons dire que nous sommes proches des BRICS (ndlr, le PIB de l'Algérie pour 2022 se situait autour de 168 milliards de dollars)». Sur ce plan économique, l'Algérie peut remplir ce critère, mais on ne sait pas ce que sera à ce propos la décision des cinq pays membres du BRICS. Qu'en sera-t-il si des conditions posées excluraient la candidature de l'Algérie, ou encore si ces conditions n'arrangeraient pas l'Algérie ? Pour dire qu'il ne faut jamais vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. L'Algérie a émis le souhait d'intégrer ce groupe en juillet 2022, et a officiellement déposé une demande dans ce sens en novembre 2022, reste maintenant à suivre le développement des événements, qui vont en s'accélérant. En 2022, pas moins d'une vingtaine de pays ont exprimé le souhait d'intégrer les BRICS, ce qui donne déjà une idée de la taille future de ce groupe. Et puis, n'est-il pas faux de parler de cette adhésion aux BRICS comme une affaire bénéfique uniquement pour l'Algérie, sans voir que les BRICS eux-mêmes auront également à gagner avec cette adhésion d'un pays qui ne manque pas d'atouts, dont sa position géostratégique, et ses infrastructures, dont la route transsaharienne et le projet de train transafricain, qui a déjà atteint les wilayas d'El Menia et de Béchar, et qu'il est appelé à se prolonger prochainement aux pays du Sahel, jusqu'au Nigéria, en font une voie pour une petite route de la soie en Afrique ?