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Le baril fait-il une économie ?

par Abdelkrim Zerzouri

Le dinar algérien se porte mieux, mais quels sont les effets de cette bonne santé sur la vie quotidienne ? La monnaie algérienne a enregistré une «forte appréciation», atteignant pas moins de 11,92% par rapport à l'euro, passant de 157,0045 dinars pour un euro à fin décembre 2021 à 138,2903 dinars pour un euro à fin septembre 2022. Face au dollar US, le dinar algérien s'il a légèrement reculé entre fin décembre 2021 et fin septembre 2022, il a gagné au troisième trimestre de la même année 3,9% sur le dollar et 10,5% sur l'euro. Cela reflète «la volonté de la Banque d'Algérie de lutter contre l'accélération de l'inflation importée en contexte de sous-évaluation ponctuelle du dinar, par rapport à ses fondamentaux, et de la faiblesse conjoncturelle de l'euro», selon une note conjoncturelle de la Banque d'Algérie. On peut comprendre, d'après cette note, que le dinar algérien a quitté la sombre phase de sa dépréciation.

Si les effets de la dépréciation du dinar sont accompagnés «cash» par la hausse de l'inflation, l'érosion du pouvoir d'achat et la hausse des coûts de production pour les entreprises, un dinar remonté devrait donner des résultats ou des effets contraires, soit une baisse de l'inflation, un pouvoir d'achat conforté et une baisse des coûts de production des entreprises. Malheureusement, comme le souligne la note de la Banque d'Algérie, l'inflation reste un point négatif, atteignant des niveaux «jamais observés depuis plusieurs décennies», selon la note en question. Précisant qu'au troisième trimestre 2022, l'indice des prix à la consommation a augmenté de 9,73%, en progression de 1,72 point de pourcentage de plus par rapport au même trimestre de l'année 2021. Le pouvoir d'achat également ne subit aucune amélioration, ainsi que les coûts de production des entreprises toujours élevés d'après des prix de vente très élevés.

Pourquoi la descente aux enfers est facilement explicable, preuve matérielle à l'appui, alors que lorsque la situation est plus confortable, avec un dinar mieux apprécié, aucun signe des effets positif et aucune explication à propos de cette incohérence. Est-ce qu'on doit attendre encore quelque temps pour ressentir les effets fastueux de cette «forte appréciation» du dinar comme on ressentait les effets pervers de sa dévaluation ? Sur le registre du change parallèle de la monnaie algérienne, on reste également désorienté sur sa valeur officielle et celle au marché noir. Au moment où le dinar enregistre une forte appréciation de près de 12% par rapport à l'euro sur le marché officielle (passant de 157,0045 dinars pour un euro à 138,2903 dinars pour un euro), c'est tout à fait le contraire qui s'affiche sur le marché noir. L'euro flambe par rapport à la monnaie algérienne durant ces dernières semaines, atteignant 225 dinars pour un euro soit une différence de plus de 86 dinars entre les deux cotations. Doit-on encore attendre, là également, l'ouverture des bureaux de change pour rapprocher la valeur officielle du dinar algérien et celle appliquée au marché noir ? Ou doit-on croire que cette forte appréciation du dinar n'est due qu'à la hausse des prix du baril de pétrole, alors qu'elle devrait découler d'une économie forte, hors hydrocarbures, pour laisser ressentir ses effets positifs ?