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Fausse assimilation

par Abdelkrim Zerzouri

Face aux sanctions économiques imposées par les pays d'Europe et les Etats-Unis, la Russie multiplie les démarches pour desserrer l'étau qui risque d'étouffer son économie. Les voies de contournement de ces sanctions sont clairement tracées, passant par l'Asie et l'Afrique, l'Afrique du Nord particulièrement. Pratiquement tous les domaines sont concernés par les initiatives russes de trouver de nouveaux débouchés à leurs exportations et des voies et moyens pour combler le déficit des importations, notamment celles bloquées par les pays européens et leurs alliés. La visite en Algérie, ces deux derniers jours, du ministre du Gouvernement de Moscou, chef de Département des Relations internationales et de l'Economie extérieure de Moscou, M. Sergei Cheryomin, accompagné d'une délégation d'opérateurs économiques russes, s'inscrit dans ce cadre du redéploiement de l'économie russe. Est-ce que cela fera réagir Européens et Américains, qui ne voient pas d'un bon œil toute coopération avec la Russie ? Rappelons dans ce contexte toute l'agitation faite autour des achats d'armes russes par l'Algérie ainsi que d'autres accusations similaires contre tout pays qui entretient des relations de coopération économique avec la Russie. L'Algérie objecte toujours que l'amitié algéro-russe ne date pas d'hier. Et, c'est ce qui a été renouvelé lors de cette dernière visite, soulignant qu'elle vise le «renforcement de la coopération économique entre l'Algérie et la Russie, notamment, dans le domaine industriel, en vue de la hisser au niveau des relations historiques et politiques entre les deux pays».

Ce qui n'est pas le cas de le dire pour le Maroc et la Tunisie, soupçonnés d'avoir «drastiquement augmenté les importations de diesel et d'autres produits pétroliers raffinés russes», ces derniers mois. Selon le Wall Street Journal, les deux pays nord-africains ont importé des produits pétroliers (gasoil, diesel et essence) plus que d'habitude, avec des chiffres à l'appui. Les mêmes remarques concernent également l'Algérie et l'Egypte, mais sans trop y insister dessus, peut-être à cause des liens «historiques» entre ces pays et la Russie, ou encore parce que la Tunisie et le Maroc se sont mis à réexporter ces produits raffinés en parallèle à la hausse des importations à partir de la Russie. Est-ce qu'il s'agit d'accusations, où coopération est assimilée à une traîtrise, visant à intimider ces pays et les dissuader de nouer des relations économiques avec la Russie ? C'est très probable. Une thèse soutenue par le ministre russe des Affaires étrangères.

Car, les pays européens et les Américains veulent que leurs sanctions économiques contre Moscou soient des plus efficaces, et toute redirection des exportations russes, bloquées par les sanctions, met à mal leur stratégie d'isolement de la Russie du reste du monde. Mais, peuvent-ils vraiment arriver à leur fin dans un monde serré où la moindre parcelle de se faire une part de bénéfice est à exploiter ?