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Quel plan de sauvetage ?

par Abdelkrim Zerzouri

Le monde de la finance internationale frissonne. La défaillance de trois banques américaines, la Silicon Valley Bank, Signature Bank et Silvergate Bank, a provoqué de très fortes inquiétudes de contagion dans le secteur bancaire mondial. Malgré les assurances des autorités américaines, qui ont tenté de calmer les esprits avec plusieurs mesures pour éviter des retraits massifs des dépôts pouvant fragiliser encore plus ces établissements, les bourses européennes et asiatiques ont subi des baisses importantes, dont la plus forte a été enregistrée à Milan (4,18%), alors que les banques européennes chutaient considérablement, jusqu'à 9,90% pour le Crédit Suisse.

Quand la finance américaine éternue, c'est tout le système de la finance mondiale qui est contaminé. Les causes de la défaillance des banques américaines ? Selon les explications des experts, les hausses brutales des taux d'intérêt initiées dans le cadre de la lutte contre l'inflation ont fragilisé les banques et tassé l'activité économique. Mais, il y a également d'autres signes, apparus ces derniers temps, qui ont montré la faiblesse des grandes entreprises de la FinTech, notamment à travers des licenciements à tour de bras qui ont touché le monde des startups. D'autant qu'on trouve parmi les banques défaillantes deux qui ont des liens avec la technologie ou le numérique, en l'occurrence la Silicon Valley Bank, et la Silvergate Bank, réputée pour ses connexions avec le milieu des crypto monnaies, qui enregistrent ces derniers temps, bien avant la défaillance des banques américaines, des chutes vertigineuses de leur valeur. Des signes avant-coureurs d'une crise financière mondiale se faisaient sentir depuis une année, au moins, précisément depuis l'éclatement de la guerre en Ukraine, même si les dirigeants américains et des autres puissances occidentales ne voulaient pas y croire ou ne laissaient rien transparaître dans leur comportement.

Dans ce sillage, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a averti dans un message via «Telegram» que les États-Unis, pour tenter de sauver leur système bancaire, recourront au système de financement non conventionnel, en imprimant de l'argent sans contrepartie, notant que cela aggraverait la crise économique dans le monde. «Même un enfant peut expliquer comment les autorités américaines maintiendront la stabilité de leur système bancaire, ils imprimeront plus de dollars...ce qui causera plus de problèmes dans le monde», a-t-elle écrit.

La Réserve fédérale américaine (Fed) s'est engagée, effectivement, à prêter les fonds nécessaires à d'autres banques qui en auraient besoin pour honorer les demandes de retraits de leurs clients. Un sauvetage fédéral comme l'a insinué la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères ? Certes, on ne peut rien présager pour le moment, mais la crise financière mondiale qui affiche ses premiers signes affectera, sûrement et durement, les pays en voie de développement, qui vont subir de plein fouet ses effets, notamment à travers la chute des investissements directs étrangers (IDE) et la baisse du tourisme, sources de croissance de nombreux pays dans cette case.