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La voie du salut

par Abdelkrim Zerzouri

Maintenant, tout le monde en convient de la nécessité absolue d'organiser des élections pour sortir la Libye du gouffre dans lequel elle se trouve plongée depuis 12 ans. C'est la solution à tous les problèmes des Libyens. Mais, comment y arriver ? Les clés de la solution semblent de véritables pièces d'un puzzle. Tellement difficile à coller ses morceaux avec des embrouilles politiques, juridiques, tribales et régionales, qu'aucune partie ne s'est essayée au jeu depuis la dernière grande tentative internationale de sortir la Libye de l'impasse par le biais d'un forum politique en 2020, qui a conduit à la formation d'un gouvernement intérimaire et à une feuille de route pour les élections en décembre 2021, qui ont été contrecarrées par des divergences politiques internes et des influences externes malsaines non négligeables.

Jusqu'en 2023, où des nouvelles lueurs à l'horizon laissent croire qu'il existe un réveil international pour aider la Libye à retrouver sa stabilité. Et, cela passe immanquablement par des élections libres et transparentes. La première initiative est venue du 36e sommet de l'Union africaine, mi-février, présentant l'organisation d'une conférence de réconciliation nationale sur la Libye comme un palier important pour remettre les choses dans le droit chemin de sortie de la crise. Suivie par une seconde initiative, de l'émissaire de l'ONU pour la Libye, Abdoulaye Bathily, visant à permettre l'organisation et la tenue d'élections présidentielle et législatives en 2023. Lundi 27 février, devant le Conseil de sécurité de l'ONU, appelant ses membres à soutenir cette démarche. Révélant les détails de son initiative, l'émissaire de l'ONU prévoit d'établir un panel de pilotage de haut niveau pour la Libye, qui serait chargé de « faciliter l'adoption d'un cadre légal et d'une feuille de route associée à un calendrier pour la tenue d'élections en 2023 » et de « faire avancer un consensus autour de questions apparentées, comme la sécurité des élections et l'adoption d'un code de conduite des candidats », a-t-il précisé devant le Conseil de sécurité de l'ONU. Expliquant que ce « mécanisme » rassemblerait « tous les acteurs libyens pertinents, y compris des représentants des institutions politiques, des figures politiques importantes, les leaders tribaux, des organisations de la société civile, des acteurs de la sécurité, des femmes, des jeunes ». Presque un remake de l'expérience de 2021 ?

En apparence, l'initiative de l'émissaire de l'ONU n'est pas vraiment différente dans son contenu et ses mécanismes de celle vécue en 2021, mais il y a cette expérience de l'échec et ses causes, surtout, que doit veiller à surmonter l'émissaire de l'ONU s'il veut éviter une répétition du même scénario. Aucune initiative ne connaîtra le succès si les parties libyennes ne parviennent pas à une formule consensuelle et à une base solide pour la tenue des élections dans ce délai très court (moins de 9 mois). Les élections en Libye, la communauté internationale en convient de leur nécessité absolue, mais ne sont-elles pas également une voie de salut pour l'élite politique libyenne qui traverse une crise majeure de légitimité ?