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Le cheptel sous la lorgnette

par Abdelkrim Zerzouri

L'opération de recensement du cheptel, lancée dimanche dernier, devrait aboutir, grâce à l'utilisation des techniques de technologie moderne, à une meilleure maîtrise de cette richesse livrée, jusque-là, à une gestion archaïque. Les pouvoirs publics, qui se contentent de données récoltées d'une manière aléatoire, pratiquement impossible à confondre avec les réalités du terrain, n'ont jamais pu établir, avec exactitude, les statistiques concernant le bétail. D'où les difficultés rencontrées par l'administration sur le plan du contrôle des mouvements du bétail en l'absence d'un système national d'identification du cheptel, l'impossibilité de mettre en œuvre des actions de lutte contre les maladies infectieuses, ou d'assurer une traçabilité de chaque produit issu de la ferme afin de protéger la santé du consommateur et de contrôler les mouvements du bétail. Cette opération, décrite comme cruciale pour les pouvoirs publics pour mettre en œuvre une politique de développement agricole et rurale, basée sur des données fiables, vise également à « identifier les cheptels pour faciliter l'opération de sélection dans le cadre de l'amélioration génétique et permettre, aussi, aux éleveurs de bénéficier du soutien de l'Etat », selon le secrétaire général du ministère de l'Agriculture et du Développement rural. Il faut bien retenir ces derniers mots, qui mettent en exergue l'avantage pour les éleveurs de bénéficier du soutien de l'Etat, pour comprendre comment on tente d'attirer l'attention des éleveurs afin de les impliquer dans cette opération. Car, tout recensement perdrait sa fiabilité sans l'adhésion des éleveurs. L'Etat a mobilisé de grands moyens pour mener à bien cette opération de recensement du cheptel, qui s'inscrit dans le cadre des programmes intégrés de l'Etat visant à réaliser la sécurité alimentaire, notamment la signature d'une convention, en février 2021, entre le ministère de l'Agriculture et du développement rural, la Caisse nationale de mutualité agricole (CNMA) et la Chambre nationale d'agriculture (CNA), portant sur le financement des équipements et moyens matériels à mobiliser dans le cadre de l'opération de recensement, comme les tablettes électroniques et la prise en charge des frais et indemnités des agents qui seront chargés de la collecte d'informations dans les 1.541 communes à travers le pays. Mais, l'implication des éleveurs vaut, à elle seule, un gage de réussite de l'opération en question. Ne faut-il pas, dans ce sens, tirer les leçons d'une première expérience réalisée dans la wilaya de Ghardaïa, en mars 2021, comme « test »' de recensement du patrimoine agricole et animal, selon une approche modulaire (version Soft) préconisée par l'Organisation des Nations unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO), où les recenseurs ont rencontré d'énormes difficultés, dont la rétention d'information et de données sur le patrimoine agricole par les propriétaires de crainte de l'imposition de la fiscalité ? L'opération « test », limitée géographiquement, est faite pour anticiper les problèmes et leur trouver des solutions avant de passer aux actions de grande ampleur.