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Feuille de route admissible ?

par Abdelkrim Zerzouri

A quand le retour des civils aux commandes dans les pays africains qui ont été, ces toutes dernières années, théâtres de coups d'Etat, en l'occurrence le Mali, la Guinée et le Burkina Faso ? C'est la réponse exigée par les leaders ouest-africains, regroupés au sein de la Cédéao, qui se réunissent, ce dimanche 3 juillet à Accra, la capitale ghanéenne, pour juger si les militaires au pouvoir dans ces pays entendent bien quitter la scène en organisant des élections dans des délais relativement courts, l'issue recommandée ou s'accrocher plus longtemps et exposer leurs pays aux sanctions commerciales et financières. Il y a un mois, les leaders de la Cédéao se sont quittés, à l'issue d'un sommet, tenu le 4 juin, à Accra, sans prendre aucune décision au sujet des sanctions à l'encontre des régimes putschistes.

Et le mois qu'on s'est donné comme délai, lors de ce sommet, pour négocier un retour des civils au pouvoir et s'entendre sur une levée ou un maintien des sanctions, selon les échos des autorités au pouvoir au Mali, au Burkina Faso et en Guinée, arrive à terme aujourd'hui. Le Burkina Faso et la Guinée n'étant que suspendus de la Cédéao, jusqu'à présent, le sommet de ce dimanche intéresse plus les Maliens, qui subissent depuis janvier de dures mesures de rétorsion commerciales et financières.

Les autorités ont dans ce sens lâché du lest, réduisant la période de transition de 5 à 3 ans et, en sus de l'adoption, le 17 juin, d'une nouvelle loi électorale, un calendrier électoral a été annoncé pour les présidentielles (février 2024), le référendum Constitutionnel (mars 2023) et les législatives (entre octobre et novembre 2023). On voit plus clair, certes, mais on ne sait pas si cela conviendrait aux visées des leaders de la Cédéao ?

Au Mali, l'espoir de la population est grand quant à une levée des sanctions. Un espoir également partagé à travers les déclarations des membres proches du médiateur de la Cédéao auprès du Mali, l'ex-président nigérian, Goodluck Jonathan, soutenant que le Mali a fait d'énormes progrès, et qu'il ne reste que quelques points à régler pour remplir les obligations édictées par la Cédéao.

Mais, les sanctions économiques ne sont pas les seules préoccupations des autorités maliennes, car le dossier sécuritaire est dominant sur la scène interne, régionale et internationale. Après le retrait de la force française «Barkhane», suivi ces deux derniers jours par la force européenne «Takuba», il ne reste pratiquement sur le terrain que la mission de paix «MINUSMA», dont le mandat a été prolongé par le Conseil de sécurité de l'ONU, jeudi dernier, d'une année (30 juin 2023), et ce malgré les réserves du Mali, ainsi que la Russie et la Chine, qui se sont abstenues lors du vote de la résolution de prolongation du mandat en question, à cause des « formulations intrusives » du texte en matière de droits humains qui s'opposeraient à la souveraineté malienne. Outre la protection des civils et des droits humains, le document demande aux ?Casques bleus' de la MINUSMA de soutenir l'application de l'Accord de paix d'Alger, signé en 2015, et une transition politique. Une feuille de route admissible?