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Climat ombrageux ?

par Abdelkrim Zerzouri

La création d'une inspection générale qui sera mise sous tutelle de la présidence de la République afin de «contrôler l'activité des responsables» conduit à se poser des questions sur sa composante. Qui sera élu à cette fonction dotée d'un pouvoir immense? Ils seront une cinquantaine ou une soixantaine d'inspecteurs à sillonner le territoire national, indique le président de la République lors d'une rencontre périodique, diffusée vendredi dernier, avec des représentants de la presse nationale, avec pour objectif principal la création d'une inspection générale rattachée à la présidence de la République et dont le rôle consiste à contrôler le travail et les activités des responsables.

La mission des inspecteurs de cette structure consistera à rencontrer et discuter avec les citoyens pour s'enquérir de ce qui a été entrepris et réalisé afin d'assurer le suivi de l'application des décisions, selon les éclaircissements données par le président de la République, qui ajoutera dans cette optique que des citoyens se sont plaints de la non application des décisions prises par le gouvernement qui applique le programme du président de la République.

Des ministres, des walis et d'autres responsables casés dans des grades intermédiaires, qui n'en faisaient qu'à leurs têtes, ont été dégommés, mais sans rendre compte de leur comportement pour que l'opinion sache pourquoi ces responsables foulent aux pieds les décisions du gouvernement.

La création de cette inspection générale pourrait répondre à ces soucis de détection et de clarification des motivations de ces responsables qui cassent la dynamique du gouvernement.

Mais, bien sûr, le succès dans le travail de ces cinquante ou soixante inspecteurs exige des critères de compétence et d'incorruptibilité. Sûrement, aussi, que la présidence aura d'autres moyens pour recouper les informations et s'assurer de leur justesse, mais dans l'ensemble tout repose sur une méthodologie administrative dénuée de toute dimension politique, indispensable en matière de gestion des affaires publiques, d'application d'un programme présidentiel, avec des relais nourris de motivations politiques et leur application sur le terrain.

La mission de contrôle administratif est fort utile, mais sans l'engagement de cadres politiques patriotiques et une société civile autant motivée par l'intérêt des citoyens, l'équilibre serait difficile à atteindre. Et puis, avec la multiplication des organes de contrôle administratif, ne risque-t-on pas de créer un climat ombrageux plus malsain que les abus des responsables ?