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Réformes bancaires

par Abdelkrim Zerzouri

Entre volonté des réformes et de modernisation, le système bancaire et financier algérien- ne veut pas, selon toute vraisemblance, quitter aisément ses sentiers archaïques. En estimant que la réforme du système bancaire est devenue «plus urgente que jamais», le président de la République, qui en a fait un socle pour relancer et bâtir une économie moderne, dont le financement efficace de l'investissement productif, n'est pas content de la lenteur d'exécution de cette tâche des réformes du système bancaire, et il l'a clairement laissé entendre lors du dernier Conseil des ministres. Le système tellement sclérosé recommande-t-il un traitement de choc ? Le gouvernement s'échine à la tâche en question mais il fallait compter sans les grincements de la machine.

Probablement que ces réformes, pour aboutir complètement, prendraient du temps et nécessiteraient une remise à niveau dans la formation des personnels des banques, son encadrement notamment, avant d'en arriver à l'application sur le terrain de nouvelles méthodes de gestion en adéquation avec l'avancée considérable accomplie dans le domaine numérique, entre autres transformations du paysage bancaire et financier international, où le bitcoin (cryptomonnaie) supplante les plus fortes devises traditionnelles, soit 1 bitcoin contre 25 875 euros, offrant une aisance des transferts d'argent via Internet, sans intermédiaires, incomparable. Et, il ne faut s'étonner que bientôt le mouvement financier véhiculant cette monnaie prenne le dessus dans les transactions commerciales et financières chez nous. C'est vrai que cette année 2020 a été gâchée par une sévère crise sanitaire qui a chamboulé les priorités du gouvernement, mais est-ce une raison de laisser ce système cloîtré dans ses bornes épicières ?

Le ministre des Finances a promis dans ce sens un ajustement des réformes pour plus d'efficacité dans le court terme, afin d'adapter et introduire des changements palpables accompagnant les efforts de la relance économique. Ainsi que la recherche de captation de l'argent en circulation dans les circuits informels. Selon des experts, la réforme du système bancaire en Algérie, aux côtés du lancement de la finance islamique, permettra d'absorber entre 60 et 80 milliards de dollars du marché. Des sommes énormes qui ne manqueraient pas, si on sait y faire, de redynamiser l'économie nationale par ces temps difficiles. Il est également utile de souligner dans ce même contexte que la réforme du système bancaire est un sérieux gage pour gagner la confiance perdue des clients, gros et petits. On ne sait pas si des résistances peuvent contrecarrer les plans des réformes bancaires, mais il est sûr que le maintien en l'état de la situation arrange pas mal d'affairistes.

En l'état actuel des choses, non seulement l'argent ne sert pas l'économie mais, pis encore, il est utilisé dans un cadre nuisible à travers l'octroi des crédits. Le ministre a avoué qu'il y a eu de graves dérapages sur ce plan, dévoilant dans ce sillage que des équipes d'experts vont se déplacer dans les agences bancaires pour faire la lumière sur les conditions dans lesquelles ils sont accordés. Doit-on encore s'attendre à des révélations scandaleuses en sus de ce qu'on sait déjà à propos des crédits faramineux accordés à d'ex-oligarques ?